6 sept. 2011

Une curiosité montreuillaise

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Au n° 70 de la rue de la Mairie, était au XVe siècle une apothicairerie, ancien nom des actuelles pharmacies. Les curieuses sculptures en bois qui encadrent la porte d’entrée illustrent la préparation de la pommade à la merde du jour, de l'onguent dia merdis, en latin benoîtement plus « correct ».

En voici la recette, du moins la mienne : Vous prenez l'un de ces diablotins qui courent l’imaginaire médiéval, bien disposé, à point ; ni trop constipé, ou ce serait pour lui oeuvre douloureuse que de s’exonérer, ni sujet à la diarrhée, ou gare aux éclaboussures. Vous lui demandez de s’exécuter en un mortier bien propre et vous l'encouragez à faire. Ce qu'il fait, voyez ses deux mains qui aident…

Que l'un de ses compères en diablerie malaxe vigoureusement au pilon les matières ainsi délivrées afin de les bien mélanger pour obtenir une pâte onctueuse à souhait.

Pendant ce temps, l'homme de science à barbe de prophète portant son grand livre dans la main va vérifier si tout est comme il convient, si c'est bien merde du jour et non pas celle de la veille... ou du lendemain.



















Cuillerez maintenant, et délicatement, une once du précieux onguent et couvrez en la douleur de votre patient. Et tant mieux s'il guérit, quand seule la foi pourra le sauver. Ne jamais oublier qu’il ne vous est alors permis de ne soigner que le dehors de votre semblable quand Dieu garde pour lui l'exclusivité du dedans. Et tant pis pour notre malade s'il souffre de l'appendicite pour laquelle notre onguent n’a nulle efficacité, le Très-Haut, dans son immense Bonté, ayant donné l'appendice iléo-cæcal à sa noble créature.

Sourions, Maître François est peut-être passé par là, car enfin, Montreuil-Bellay n'est pas très loin de la Devinière, le pays de Rabelais.