29 avr. 2014

Cérémonie 2014 sur le site du camp

Voir dans le second blog la page complète sur La cérémonie du 26 avril 2014.

 Beaucoup de monde pendant la cérémonie.



Paulette et Henriette Théodore et Odile Ritter, 
toutes trois internées dans le camp de Montreuil-Bellay pendant la Seconde Guerre mondiale.


Avec Odile devant la stèle commémorative. 

 Avec Damien Leboulanger, de la radio RCF Anjou.
(Photo Miloud Kerzazi)

Une histoire qui n'en finit pas de se dire :
la quatrième édition enrichie d'un ouvrage sorti en 1983.




8 avr. 2014

L'internement des Tsiganes à Cholet

Ce 8 avril 2014, le Lycée Europe Robert Schuman de Cholet - organisant un forum contre les discriminations - m'avait invité pour que je parle aux lycéens de l'internement par la France des Tsiganes - que l'on appelait "nomades" depuis la loi du 16 juillet 1912 - et du camp de concentration de Montreuil-Bellay, le plus grand pour ces derniers dans le pays pendant la Seconde Guerre mondiale.

Je suis chaque fois accompagné par Jean Richard - dit Jean-Jean, mon ami Mânouche - dont la famille a été internée dans le camp de Montreuil-Bellay, la ville où je vis.

 Le programme du forum.

Une petite erreur dans le programme : l'association invitée, et dont nous sommes, Jean-Jean et moi, les vice-présidents, s'appelle en réalité L'AMCT (Les Amis de la Mémoire du Camp Tsigane de Montreuil-Bellay), et non pas Les Amis du Camp... La différence est de taille !

- Anecdote : Rappeler ici que, jusqu'au milieu de XVIIIe siècle, Cholet était une petite bourgade qui, sous l'Ancien Régime, faisait partie de l'Election de Montreuil-Bellay.
En importance, "l'élève" a, depuis, largement dépassé "la maîtresse".

Le plus important est toujours de donner aux élèves des clés pour comprendre de quoi l'on parle, et comme je reste avant tout un instituteur, je n'oublie jamais le vocabulaire.

- Savoir différencier les Mânouches - que nous rencontrons le plus souvent chez nous, en Anjou - des Gitans, et surtout des Roms qui, sédentaires depuis des siècles, vivent souvent dans des bidonvilles à la lisière des métropoles et qui sont arrivés plus récemment en France - les premiers dans les années 1870 alors que les Mânouches sont là depuis 1419, pour les premiers. Expliquer ce que signifient ces autres appellations : Bohémiens, Tsiganes... et Yénisches.

- Savoir différencier les différents camps qui ont sévi pendant la Seconde Guerre mondiale : camps de rééducation (exemple : Dachau), de travail (Auschwitz-Monowitz), de représailles (Flabas, près de Verdun), d'extermination (Auschwitz-Birkenau ; le château d'Artheim en Autriche), d'internement (Montreuil-Bellay, en septembre 1944), de transit (Compiègne, Drancy) et de concentration (Auschwitz 1, Montreuil-Bellay)...

Archive privée avec en-tête "Camp de concentration"

Comme beaucoup d'autres en France, celui de Montreuil-Bellay fut un camp de concentration - ce que rappellent les documents des archives - dans lequel on a, entre autres, concentré des nomades derrière des barbelés électrifiés, mais sans jamais les juger, sans les faire travailler ni les maltraiter et, le plus important, sans les déporter Outre-Rhin.

Pour retrouver le principal du contenu de ma conférence, cliquer sur le lien ci-dessous :
 http://jacques-sigot.blogspot.fr/2008/08/montreuil-bellay-un-camp-de.html

... mais préciser la grande différence entre l'oral, avec l'improvisation ponctuelle, et l'écrit, texte figé.

Visionner aussi sur le Net le très beau documentaire sur le camp de Montreuil-Bellay réalisé par Alexandre Fronty qui nous a récemment quittés. Mais je crains que ce documentaire ait quitté le Net.
http://www.youtube.com/watch?v=Ha9B6LfnxjM

Ci-dessous, quelques clichés, pris par Jean Richard, de cette riche matinée dans l'amphithéâtre du lycée.
Nos remerciements pour la qualité de l'accueil et la gentillesse des lycéens.

Cliquer sur les photos pour les agrandir.


Pendant la conférence...

 ... après.


Avec Jean-Jean, assis sur les ruines de la prison, "le gnouf", du camp...

7 avr. 2014

Montreuil-Bellay, une si jolie petite ville


Cliquer sur les photographies pour les agrandir
Photographies de l'auteur, sauf précision contraire.



Porte Saint-Jean et rempart de la Perruche.

Futreaux sur le Thouet, le temps d'un festival de Mai.


Envol de canards à l'ancien port Sainte-Catherine.



Photo aérienne de Montreuil-Bellay, copyright Michel Mercier.

Je n'ai découvert Montreuil-Bellay qu'en 1971, quand nous y avons acheté une maison ruinée qui a été restaurée et que nous habitons depuis 1973. Je n'ai donc pas connu la ville avant la mandature de maire d'Edgard Pisani qui l'a profondément modifiée, lui donnant quasiment l'aspect qu'elle présente aujourd'hui, surtout en ce qui concerne tout le quartier historique des Nobis.
J'ai déjà évoqué, dans ce blog, des transformations effectuées pendant les dernières décennies, je n'évoquerai donc ici que quelques lieux qui ont particulièrement retenu mon attention.

C'était au temps ou Montreuil montreuillait... 

Le plus spectaculaire est le sauvetage de l'ancienne église des Grands Augustins que d'anciennes municipalités avaient condamnée et qui devait être être détruite. La toute nouvelle association locale des Vieux Cailloux, créée à l'initiative de Jacques Guézénec, a tout d'abord loué à son propriétaire le bâtiment en très piteux état et qui servait de garage de réparation d'automobiles. Des animations furent organisées jusqu'à ce que Monsieur et Madame Alex Wilbrenninck investissent travail et capitaux et la sauvent par une complète restauration.

Quand la vaste église 
n'était plus que le garage d'un mécanicien en automobiles.


 Le même bâtiment aujourd'hui restauré.

L'intérieur jusque dans les années 1980

L'intérieur aujourd'hui.

Pourquoi, sur la plaque "Rue des Ermites", ne pas écrire en remerciement et en hommage " Rue des Ermites et Alex Wilbrenninck" quand celui-ci vient de nous quitter. Chaque fois que je rentre d'Angers en voiture et que je vois au loin "son" clocher entre ceux de la Collégiale du château et de l'hôpital Saint-Jean, je pense au beau cadeau qu'il a fait à sa ville d'adoption...

Un sauvetage plus discret mais aussi précieux : la petite maison à l'angle de la rue des Lauriers et de la rue du Bellay, là encore à l'initiative de l'Association des Vieux Cailloux.

Autrefois.
Aujourd'hui.
Il fut question de l'abattre pour élargir le croisement, comme cela avait été fait à l'extrémité de la rue de l'Hôtel de ville. Une vieille cité historique n'a pas à s'adapter à l'automobile, mais celle-ci à celle-là.


Une très belle restauration
Celle de la maison à un angle de la Place du Marché et au haut de l'escalier Saint-Pierre, que l'on considère, jusqu'à preuve du contraire, comme la plus "vieille" de la ville et que certains datent de 1399 :

 Autrefois, la maison de Madame Roger qui y vendait des fleurs.

Aujourd'hui, la maison de Monica et de Jean-François.

Il faudrait aussi parler de la Grange à dîmes, mais les transformations n'ont essentiellement merveilleusement modifié que l'intérieur.

Mais...

comment expliquer ce lotissement de maisons modernes construites récemment dans un site exceptionnel, dans l'ouche de la Perruche - ouche en Poitou dont fit longtemps partie Montreuil-Bellay, dans le diocèse de Poitiers ; clos en Anjou - maisons modernes et anonymes qui jurent dans le vieux tissu urbain ? La ville possédait là un vaste espace libre avec vue sans parasites sur la vieille et haute muraille médiévale. Maintenant, cette dernière se laisse difficilement apercevoir entre les toits des maisons et à condition de hausser le cou !
A Angers, rive gauche de la Maine, a été rasé tout un ensemble de grands immeubles - qui, restaurés, eussent eu fière allure - pour libérer le pied du château et remettre en valeur le coteau abrupt sur lequel il a été bâti. Autre lieu, autres mœurs...

L'ouche de la Perruche en 1965.
Photo Jacques Wilmet

La Perruche aujourd'hui.

4 avr. 2014

Les lycéens de Saint-Martin d'Angers et le camp de Montreuil-Bellay

Cliquer sur les clichés pour les agrandir.

Comme cela arrive souvent, de plus en plus souvent maintenant - trois fois cette semaine : par le collège Molière de Beaufort-en-Vallée, le Lycée d'Europe de Cholet, et donc le lycée Saint-Martin d'Angers, aujourd'hui - je suis invité par des établissements scolaires de France et de Navarre pour parler de cette histoire peu connue, voire taboue... mais ne l'ai jamais été, incroyable mais vrai, par le collège de ma ville ; seulement par le lycée agricole Edgard Pisani, mais il faut préciser que la quasi-totalité des lycéens ne sont pas Montreuillais, alors... [Nul n'est prophète en son pays, dit-on, même si d'un prophète je n'arbore qu'une barbe maintenant chenue.]
J'ai écrit "je suis invité", alors qu'il serait plus juste de dire "nous sommes invités", parce que j'"officie" presque toujours accompagné, quand cela lui est possible, par Jean Richard, dit Jean-Jean, mon ami Mânouche ; certains membres de sa famille ont été internés à Montreuil-Bellay.

Lever à 6 h ; retrouver Jean-Jean à proximité du camp où il laisse sa fourgonnette ; je l'emmène à la gare où je stationne ma voiture ; le train est à 7 h 05... arrivée à Angers à 7 h 55.
Nous avions été prévenus que trois ou quatre lycéens nous attendraient à la gare pour nous accompagner aussitôt jusqu'à Saint-Martin... mais ils sont tous là, avec leurs professeurs. Impressionnant... une première pour nous...
Aller à pied jusqu'à leur établissement boulevard Foch, et leur montrer au passage les soupiraux de l'ancienne Kommandatur où, en septembre et octobre 1943, ont été torturés dans les caves des résistants saumurois du réseau Aristide Buckmaster avant d'être déportés dans les camps nazis, via la prison angevine du Pré Pigeon.

 Boulevard Foch. Photo Jean Richard

Notre arrivée dans la cour du lycée.
Les garçons ont pris temporairement "la tangente"...
Au fond à gauche, l'église Saint-Martin qui faisait autrefois partie du lycée.

Découverte du lycée que je n'avais jamais soupçonné dans le tissu dense du centre ville.


L'une des vieilles photographies savamment placardées 
sur des murs de l'établissement qui donnent sur la cour intérieure.

Le matin, conférence dans une salle du lycée pendant trois heures.


 Photo Jean Richard

 Photo Christel Roulin

L'"arroseuse" arrosée...
Photo Jean Richard 

Quatre séquences :
Les séquences 1, 3 et 4 illustrées chacune par un diaporama.
1 - L'importance du vocabulaire quand on parle des camps de la Seconde Guerre mondiale à partir de l'exemple des trois camps d'Auschwitz : camps de rééducation, de transit, de concentration, de travail, d'extermination, d'internement... tous différents.

2 - Projection d'un très rare court documentaire de 50 secondes sur un camp de concentration de Tsiganes filmé en 1944 à la frontière est de la Roumanie. Pour que les lycéens voient dans quel était physique et vestimentaire étaient les internés de Montreuil pendant la Seconde Guerre mondiale.

3 - Qui étaient les "nomades" que la France interna - Mânouches, Roms, Gitans, Yénisches - et qui porte la responsabilité de cette mesure "arbitraire" ?
En écrivant ces lignes, je m'aperçois que j'ai oublié de parler des clochards raflés dans les rues de Nantes en 1942, et qui sont tous morts à Montreuil au cours de l'hiver 42/43...

Pause d'un quart d'heure pendant laquelle sont distribuées les parts de plusieurs gâteaux apportés par les lycéens.

Sur le gâteau préparé par Fany, "Merci" , ["Saha"] écrit en gros. 
 Pour Jean-Jean et moi, une seconde grande première.

Détente et dégustation pendant la pause. Photo Jean Richard

4 - Enfin,  l'histoire du camp de Montreuil-Bellay, à l'origine une poudrerie construite en partie par des Républicains espagnols en exil, loin du front traditionnel.

Le midi, nous déjeunons avec les professeurs dans le réfectoire du lycée. Puis nous partons aussitôt après en car pour Montreuil-Bellay et la visite des ruines de l'ancien camp.

Arrivés sur place, nous parcourons toute la partie ayant conservé les vestiges les plus importants, le reste accueillant des vaches en pâture.

 Photo Christel Roulin

Descente dans la prison - le gnouf - cave d'une ferme qui a brûlé en 1908 ; arrêt devant deux excavations creusées par des bombes larguées en 1944 par les Anglos-Américains, bombes qui n'ont pas explosé ; cheminement dans le vaste ensemble très visible cuisines-magasin-réfectoire ; recherche des trous dans lesquels étaient plantés les poteaux de la double clôture électrifiée ; explications à proximité d'une ancienne latrine aujourd'hui comblée ; photos du groupe sur les marches des anciens bâtiments qui ont été eux-mêmes vendus aux enchères en octobre 1946 pour devenir parfois des salles des fêtes dans des villages voisins...
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La "classe" avec Jean-Jean...
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et avec l'ancien instituteur, "inventeur" du camp.
Photo Jean Richard

C'est alors, sur les marches d'un ancien bâtiment en dur disparu, que les lycéens posent des questions.
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 Réponses de Jean-Jean interrogé à son tour.
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Des élèves très attentifs écoutent Jean-Jean. 
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Les dernières photos avant de repartir.
 Des lycéens ont trouvé le perchoir idéal 
pour photographier  l'ensemble du site.
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Il faut maintenant regagner le car,
les pensées lourdes d'images insolites sur notre pauvre histoire.

CQFD, CQFE : Ce qu'il fallait dire, ce qu'il fallait entendre...

Il m'arrive parfois d'oublier mes affaires,
ici sur l'herbe printanière du site.
Photo Christel Roulin

Pour compléter cette visite, ce lien, ou consulter mes deux blogs.

Samedi 26 avril à 11 h : sur le site du camp, et en présence des autorités, cérémonie nationale officielle en hommage aux souffrances des nomades pendant la Seconde Guerre mondiale.