22 janv. 2015

Retour en classe après 20 ans de grandes vacances


Voir aussi : Le Thouet 
                   Le Thouet angevin
 
Cliquer sur les documents iconographiques pour les agrandir.

Retraité depuis juin 1995 – mais chez les instituteurs, on n'est pas « retraité », mais « pensionné » – puisque j’ai quitté la petite école du Coudray-Macouard en 1995, j’ai été invité en ce mois de janvier 2015 par Marie-Laure Sécher, directrice de l’Ecole Sainte-Anne de Montreuil-Bellay, pour parler de la rivière du THOUET à ses élèves de CM1/CM2.


Dans la classe de Marie-Laure Sécher.

Les enseignants ont comme consigne d’évoquer le plus possible la géographie et l’histoire locales, d’où le choix du thème.
Pour moi, le plaisir de retrouver des élèves du même âge que ceux que j’ai accompagnés pendant près de quatre décennies.
 J’avais préparé un diaporama adapté au niveau des enfants.

Le Thouet
Nous partons de sa source, peu connue, au sud de Secondigny, dans les Deux-Sèvres, simple mare dans un champ et, pas à pas, nous suivons virtuellement le ruisseau qui élargit progressivement son cours.

 La source du Thouet, une petite mare dans un pré.

Un ruisseau après le moulin de Cossé.

 Une rivière peu après son entrée dans le Maine-et-Loire.
Le Thouet à Vieux-Moulin.

Sa rencontre avec des moulins, des lavoirs ; sa traversée des villes qui aimaient traditionnellement se bâtir sur les rives des cours d’eau : Parthenay, Thouars, Montreuil, pour les plus importantes. Quelques photos de beaux ponts gothiques, le plus remarquable étant sur le Thouaret, à quelques kilomètre au sud de Thouars ; sans oublier les pittoresques ruines de ceux de Montreuil, visibles de l’Ile aux Moines, succession de ponts qui joignaient les îles entre elles.

 Un pont élémentaire sur le Thouet,
dit à pas d'homme... ou de femme.



Le joli pont gothique sur le Thouaret, au sud de Thouars.
Etroit, il forme un coude.

Les ruines des vieux ponts gothiques de Montreuil-Bellay,
effondrés pour la dernière fois, et définitivement, en 1577.

Le Thouet absent des cartes de France
Une vue aérienne et un vieux plan montrent la confluence à Saint-Hilaire-Saint-Florent de la rivière avec la Loire. Expliquer alors que Le Thouet, comme la plupart des affluents du fleuve, accompagne parallèlement celui-ci un certain temps avant de se jeter dedans.

Je n’ai appris l’existence de ce Thouet que lorsque j’ai découvert Montreuil-Bellay où j’ai jeté l’ancre en 1973 après de nombreuses sédentarisations dans plusieurs villes ou villages, dont sept années à Meknès, au Maroc.
La rivière, pourtant longue de 152 km, n’existait pas sur les vieilles et belles cartes murales traitant de l’hydrographie de la France, cartes affichées dans les classes de mon enfance, de mon adolescence, et dans celles dans lesquelles j’enseignai. Pourtant, par exemple, elles situaient le « petit » Clain ; mais il est vrai que ce dernier arrose Poitiers, grande ville que l’Histoire cite souvent !
Alors… acceptons l'oubli que nous voulons corriger ici !


Le Thouet est bien absent en aval de la Vienne. 


Le bassin du Thouet. 

En bas et sur la gauche du cliché,
la confluence du Thouet avec la Loire
qu'il a suivie avant de se jeter dedans.
(Photo Olivier Müller)

(Archives municipales de Saumur)

Il fallait aussi parler aux enfants du Thouet autrefois navigable à partir des trois ports successifs de Montreuil. Ne jamais perdre de vue la ville où habitent les élèves ; toujours s’appuyer le plus possible sur ce qu’ils connaissent déjà.


L'écluse de la Salle, la première sur le Thouet
en aval des ponts qui donnaient accès à ville, rive gauche.
(Plan du XVIIIe siècle, archives privées)


La Salle, ancienne commune de Saint-Hilaire-le-Doyen.
Le moulin, la chaussée-barrage 
qui permet un niveau d'eau correct et constant,
et l'écluse, autrefois à portes marinières
représentées ci-dessous.

Un bateau dans l'écluse de la Salle.
(Dessin de Charles Berg)

Aujourd'hui, le Thouet n'est plus navigable 
que pour les pêcheurs et les touristes...

... qui, de leur embarcation,
peuvent apercevoir le château de la Salle, 
 en aval de l'écluse et du moulin.
Ses terrasses successives descendent jusqu'à la rivière.


 A Montreuil-Bellay, le 23 novembre 1911,
le pont ferroviaire, sur la ligne Angers-Poitiers,
 ne résiste pas à une forte crue du Thouet. Seize victimes.
La presse parisienne évoque la tragédie. 

*

Janvier oblige, élèves, maîtresses partagent avec moi la galette avant l’envolée des élèves libérés vers la cour de récréation. Quelqu’un a dû prévenir que nous sommes le 20 janvier, jour de mon soixante-quinzième anniversaire. Est-ce vraiment le hasard qui glissa la fève dans ma part ?

Pour l'anniversaire, indiscrétion d'Irina ou de Mischa, 
les deux seuls élèves que je connaissais ?

Beaucoup d’émotion, de bonheur de rajeunir de plus de 20 ans par ces deux heures partagées à naviguer sur cette belle rivière que je vois de ma fenêtre depuis plus de 40 ans.


 Pour conclure,
une carte postale pour touristes :
Montreuil-Bellay, autrefois l'une des 32 villes closes de l'Anjou,
son enceinte fortifiée presque complète,
avec encore quatre de ses six portes monumentales,
ses deux monastères, ses vieilles églises,
dont l'une, du XVe siècle, entièrement restaurée,
ses belles demeures,
ses châteaux... 
et sa rivière, un temps canalisée, le Thouet.


2 commentaires:

Anonyme a dit…

75 ans et tu restes jeune, pédago, actif, historien dans l'âme...
Respect.
Richard

Anonyme a dit…

Et tout ça grâce à ...... EMILE !!!!

jpd