30 oct. 2015

Montreuil-Bellay Visite de ville



Cliquer sur les images pour les agrandir


En 2003, le Magazine de l'Anjou, aujourd'hui disparu, m'a demandé un article sur ma vieille et belle ville. Le voici ce jour reproduit dans mon blog.



25 oct. 2015

Les camps français pour Tsiganes. Reconnaissance des médias

En avril-mai 2010, Les Cahiers de l'Express ont publié un dossier de quatre grandes pages, signé Eric Conan, sur l'internement des Tsiganes, par familles entières, dans des camps de concentration français, selon la terminologie de l'époque, pendant la Seconde Guerre mondiale.
Si, dès les deux premières lignes, l'auteur situe ces internements pendant l'Occupation, n'en accusant conséquemment que Vichy, peut-être faut-il préciser qu'ils ont commencé sous la 3ème République finissante, et que les dernières libérations ne sont intervenues qu'au tout début juin... 1946 - longtemps après l'Occupant eût eu regagné ses pénates - les Tsiganes/ nomades du camp angevin ayant "pourri" dans d'autres camps nationaux comme Angoulême (Charente) et Jargeau (Loiret), dans lesquels ils avaient été transférés en janvier 1945. Le Gouvernement Provisoire de de Gaulle avait alors eu besoin des barbelés de Montreuil-Bellay pour y parquer de nouvelles victimes : des collaborateurs nationaux, des Russes"blancs" et autres soldats ou alliés du Grand Reich en retraite -, et surtout des civils allemands, dont quelque 600 femmes, raflés dans l'Alsace et la Moselle reconquises par les armées de Libération !

Quelques extraits des Cahiers de l'Express :  
Cliquer sur les documents pour une lecture plus confortable.

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Page 58

Page 59

20 oct. 2015

Faut-il croire ce que disent nos dictionnaires ?

Assurément et, pendant toute ma carrière d'instituteur, j'en gardai un sur mon bureau, ou sur une étagère dans la classe, et je demandais à mes élèves de le consulter dès le moindre doute. 
En 1990, lorsque je pris ma retraite, ils m'ont offert un gros Dictionnaire Encyclopédique Larousse ; "en couleurs", affiche la page de garde ; aujourd'hui en piteux état à force d'avoir été ouvert.

Vous avez dit "Larousse"...
 Un portrait de Pierre Larousse ;  extrait du Net.

Pierre Larousse, une référence dans l'Hexagone ! Et pourtant...
Lorsque je vivais et enseignais à Meknès, au Maroc, à la fin des années 1970, j'ai acheté un très ancien dictionnaire Larousse - au format 85/135 mm - dans une échoppe/bazar de la médina. Une pièce de collection que j'ai fait relier pour qu'il ne s'abimât pas. Trois parties le composent : les noms communs, les noms propres et, entre ceux-ci et ceux-là, 82 pages de notes [étymologiques, scientifiques, historiques et littéraires].

Voici un extrait de ce qu'écrit l'auteur dans son "Avis à mes lecteurs" qui ouvre le volume.
Ce petit dictionnaire est devenu classique en quelques années et, depuis 1855, époque de sa première apparition, un nombre très considérable d'exemplaires s'est écoulé. [...].
A tout ce que contenaient les vingt-neuf premières éditions, des parties complètement neuves  ont été ajoutées. Ces parties consistent en développements relatifs à toutes les circonstances, littéraires, historiques ou mythologiques, qui ont donné naissance à cette foule d'allusions que l'on rencontre à chaque pas dans la lecture et la conversation, et qui demeurent une énigme indéchiffrable pour celui qui n'a pas la clef du fait même où ces allusions puisent leur source.
La partie géographique a été revue avec soin et mise au courant des changements les plus récents.

                                                                                       Pierre Larousse

Et pourtant...
Voici comment, dans la partie des notes, Pierre Larousse définit le mot "NEGRE" :

Nègre. Nom donné spécialement aux habitants de certaines contrées de l'Afrique, de la Guinée, de la Sénégambie, de la Cafrerie, etc., qui forment une race d'hommes noirs, inférieure en intelligence à la race blanche, dite race caucasienne. La coloration de la peau paraît être due, chez les nègres, à l'influence du climat. C'est une modification acquise qui devient transmissible et héréditaire ; mais il est généralement reconnu aujourd'hui qu'une famille nègre, transplantée dans nos climats, arriverait à la couleur blanche après quelques générations, et sans mélange de races.

Incroyable mais vrai... que c'est écrit ainsi...
Avec le désir de rendre les dits nègres aussi "intelligents" que ses propres ressortissants, l'Europe blanche pouvait consciencieusement "civiliser" ces hommes de couleur qu'elle faisait dès lors marcher au pas.
Etait-ce au départ la seule raison ?

Voici la nouvelle définition du mot "nègre" dans l'exemplaire offert en 1995 par mes élèves à leur maître en partance. Edition de 1979 :
Nègre, négresse : Personne appartenant à la race noire, mot péjoratif, remplacé par Noir.
L'Académie était passée par là... mais je croyais que les races n'existaient pas ?...

Il serait préférable que le vieil instit se tût, ses certitudes et ses doutes nous embrouillent trop..


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Pierre Larousse a sa statue au centre du joli bourg de Toucy [en Bourgogne, département de l'Yonne] où il est né en 1817 ; d'un père forgeron et d'une mère cabaretière.
Les jours de marché, les étals la ravissent au regard des chalands.

 La statue ; extraite du Net.

Anecdote reçue de l'ami Frédéric :
Pourquoi Larousse regarde-t-il dans une direction particulière ?
Il regarde en direction des toilettes publiques. Non pas parce qu'il aurait eu quelque affinité avec les vespasiennes, mais parce qu'à l'emplacement de ces dernières, se tenait l'école adossée au rempart de la vieille ville, école dans laquelle il a un temps enseigné comme instituteur.



15 oct. 2015

Les terminales du Lycée Europe de Cholet sur le site du camp

Ce jeudi 15 octobre 2015, à la demande de leurs professeurs, j'accueillis les jeunes filles d'une classe de terminale du Lycée Europe de Cholet.
Visite classique des ruines du camp principal, visibles à la sortie de la ville de Montreuil-Bellay, le long de la route à grande circulation Angers/Poitiers (Nantes/Lyon). Une bande terre d'un kilomètre de longueur pour une largeur d'environ 50 mètres coincée entre la grand' route et l'ancienne voie ferrée Angers/Poitiers aujourd'hui en grande partie désaffectée. Elle ne dessert plus aujourd'hui que la zone industrielle qui a investi l'ancien camp américain.

Puis, exceptionnellement, nous sommes allés découvrir le second site du camp, deux kilomètres plus loin, à l'extrême limite de la commune [Montreuil-Bellay/Pouançay], du département [Maine-et-Loire/Vienne], de la région [Pays-de-la-Loire/Poitou-Charente], la rivière de la Dive, autrefois canalisée, faisant office de frontière entre ces territoires.
Ce second site fut utilisé pour interner les Tsiganes/nomades à partir de l'été 1944, après que le camp principal eut été bombardé et mitraillé par des avions alliés.

Cliquer sur les documents iconographiques pour les agrandir.

Partie du camp principal où les bâtiments étaient construits en dur que j'ai photographié d'un ULM dans les années 1980. Au-dessous de la route Panreux/Méron [légendes R, P, S, E et B] se trouvaient des baraquements en planches dont il ne reste aucune trace. 

La photo ci-dessous [prise en 1944 par un journaliste de la revue Toute la Vie] présente des Tsiganes internés stationnés ou marchant entre ces baraquements.


Etat en 1944 du plus grand bâtiment - magasin, cuisines, réfectoire -
dont nous avons arpenté les sols. 

Stèle commémorative érigée en janvier 1988.
A l'arrière-plan, le soupirail avec barreaux de la prison du camp,
cave d'une ferme qui avait disparu en 1908.

En hiver, les marches d'un ancien bâtiment en dur.
C'est sur ces marches que furent prises les photos ci-dessous des lycéennes. 



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Nous nous sommes ensuite rendus sur le site du second camp, au lieu-dit La Motte-Bourbon.

La prison, élevée spécialement par et pour les Républicains espagnols
qui s'étaient réfugiés en France après la victoire de Franco,
"condamnés" par l'armée française à construire en Anjou
une poudrerie - qui ne fut jamais achevée à la suite de l'arrivée des nazis en juin 1940.
Les deux lotissements destinés à loger le personnel
furent transformés en camp de concentration.


 Ruines de bâtiments en dur dans les ronciers et au bord des champs.

* Pistes de travail :
De nombreuses autres études à trouver dans la page d'accueil de mon blog à Dossiers par thèmes.

Dans la marge, de nombreuses autres archives sur le camp.

J'accepte volontiers des commentaires.




8 oct. 2015

Visite du site de l'ancien camp de concentration de Montreuil-Bellay



Pendant la visite, une halte pour la photographie.
Le groupe au complet autour et sur les marches de l'un des bâtiments en dur du lotissement de l'ancienne poudrerie 
qui devint l'un des logements pour les internés successifs du camp.

Quelques photographies prises au cours de cet après-midi : Cliquer dessus pour les agrandir.

Ce jeudi 8 octobre 2015, à la demande de Christilla Onillon, j'accueille, accompagné de Jean Richard, fils d'anciens internés, et d'Annie Prod'homme, des membres de l'Association Brézé-Patrimoine afin de leur faire visiter le site de l'ancien camp de concentration de Montreuil-Bellay dont on découvre en encore quelques vestiges, surtout sous forme de marches et de dalles en mauvais béton peu après la sortie de la ville le long de la route de Loudun.
Camp de concentration, selon la terminologie de l'époque, et non pas d'internement, ni de transit, ni de travail, et encore moins d'extermination.

Pour certaine administration, au début des années 1980, 
un camp(ing) trois étoiles ???
Il a fallu publier cette photo dans la presse
pour que l'indélicat panneau disparût enfin...

Le groupe, gros d'une quarantaine d'adultes, arrive en voitures particu-lières. Beau temps ensoleillé sur l'étroite et longue bande de plaine de la Champagne coincée entre la grand route Nantes/Poitiers [Montreuil-Bellay/Loudun] sur laquelle subsistent les ruines de ce qui, dans les plans, devait devenir un lotissement pour loger le personnel d'une poudrerie que la 3ème République finissante avait commandée à la GTM (Société des Grands Travaux de Marseille), dès que s'était annoncée la Seconde Guerre mondiale. Assez éloignée du front traditionnel. Les travaux, commencés fin 1939, ne furent jamais achevés, abandonnés dès l'entrée des envahisseurs nazis en Anjou le 21 juin 1940.

Pour voir ou revoir l'historique du camp :
Lire, après l'avoir agrandi, le premier panneau dans la seconde partie de la page :
 http://jacques-sigot.blogspot.fr/2008/08/montreuil-bellay-un-camp-de.html


Vue générale de la plus grande partie de l'ancien camp entre la petite route qui relie Panreux à Méron, au premier plan, et les premières maisons de la ville, à l'horizon. Sur la gauche, la grande route Angers/ Poitiers qui longeait le camp sur un kilomètre.

La maquette du camp et la stèle commémorative érigée en janvier 1988.
Sur la droite, la prison, cave d'une fermette qui a disparu en 1908.

La stèle et la plaque au texte imposé par la préfecture.
Des noms de familles sont gravés dans l'ardoise de la stèle.
Au bas de la plaque, vient d'être récemment ajouté au feutre rouge : 
" Gardés par des gendarmes français".

Escargots et lichens ont colonisé l'ardoise de la stèle.

Au-delà des ronciers qui bordent la route, l'entrée côté Loudun de la prison.

L'entrée côté Montreuil de la cave-prison
qui a gardé sa porte d'origine en bois.

Jean-Richard et Jacques Sigot attendent leurs hôtes du jour...

Rappel de l'historique complet du camp 
autour de la maquette comme support visuel.

Là sont tombées deux bombes le 10 juillet 1944 à 1 h 30, de nuit.
larguées par les Anglo-Américains
qui croyaient que c'était encore une poudrerie.
Une fillette décède sous un mitraillage peu après.
"Morte pour la France", note le registre de l'état-civil en Mairie.
Internée par les Français, tuée par leurs alliés !!!

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Pour mieux comprendre qui étaient ces "Tsiganes" que la France interna dans une multitude de camps après que fut promulgué le décret d'avril 1940, soit avant l'occupation allemande et Vichy, consulter la page :
Mais, depuis la loi du 16 juillet 1912, on les appelait "nomades", gens sans domicile ni profession définis. Ils devaient toujours présenter à toute demande le carnet anthropométrique qui leur était imposé par l'adminis-tration.

Carnet collectif de nomade.
Chaque adulte devait aussi posséder une fiche individuelle 
avec photos de face et de profil,
divers renseignements anatomiques,
ainsi que les empreintes des dix doigts. 

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Votre serviteur, rédacteur de ce blog, ci-dessous attelé à une verdine de nomades, caricaturé par Willem lors d'une rencontre à Cholet :
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Redcha, mère de Poulouche, tous deux anciens internés des camps de Poitiers (Vienne), Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire) et Jargeau (Loiret), m'a donné un nom tsigane : Tchopa.
Sans que je sache ce qu'il signifie exactement :
- un portail, qui permet d'entrer, en l'occurrence dans le monde des tsiganes.
- un toit, qui protège ???

Si quelqu'un ou quelqu'une pouvait me définir précisément ce mot ? Mais il me plaît bien ainsi, dans son incertitude.

                              Jacques/Tchopa... Au Maroc, c'était Yacoub.