7 oct. 2014

Balade dans le nord des Deux-Sèvres

     Des amis me demandent de leur faire découvrir quelques sites remarquables proches de ma petite ville de Montreuil-Bellay (0) ; aussi partons-nous pour le nord des Deux-Sèvres ; en ce début d'octobre, détente culturelle entre deux journées aux vendanges.

Cliquer sur les documents pour en agrandir certains.
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       Le premier arrêt est pour voir de la route le très beau château de Bois-de-Sanzay (1) récemment restauré.

Photo du Net.

       C'est ensuite la visite de Thouars (2) qui est un peu la grande sœur jumelle de Montreuil, toutes deux bâties sur un tertre au-dessus de la rivière du Thouet.
Dans l'église Saint-Laon qui jouxte la Mairie, une mise au tombeau.

  
Dans le centre ville, l’église Saint-Médard.
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             Sculptures du portail principal de l'église Saint-Médard.
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Passer devant le château ; emprunter une passerelle avec vue sur la vallée encaissée et les jardins des rives du Thouet.
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Tourner dans le quartier Saint-Jacques qui domine la rive gauche de la rivière... avant de descendre au Pont des Vendéens. Ce nom lui a été donné en souvenir de mai 1793 quand l'armée royale et Catholique a investi la ville qui lui avait ouvert ses portes sans vraiment combattre. Le général républicain Pierre Quétineau savait que les Vendéens quittaient les villes aussitôt après qu'ils les avaient "prises", aussi avait-il épargné à Thouars les souffrances d'une bataille inutile. La République lui fit payer cette sagesse en le fusillant le 17 mars 1794...


Côté rive gauche, découvrir les ruines de la barbacane qui protégeait l'entrée de Thouars au sud.

Du pont, vaste vue sur le château, la chapelle gothique et la rivière avec son déversoir sur lequel ont échoué des troncs d’arbre abandonnés là par des crues.
 

Prendre maintenant la route à trois voies qui file tout droit vers Niort... et l'Espagne. Dès que commence la descente dans une première vallée, emprunter une petite route sur la gauche qui conduit au vieux pont médiéval de Luzay (3) sur le Thouaret, affluent du Thouet. Le pont fait un coude en son milieu.
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Dès que l’on a rejoint la grande route, une petite sur la gauche conduit à Saint-Généroux (4).

 Le vieux pont médiéval accolé à un pont moderne. A l'arrière-plan, l'église.

 Demander la clé de l’église carolingienne au café/hôtel proche.

L'intérieur de l'église avec son mur ajouré qui sépare la nef du chœur.

Au sud de l'église, les ruines d'un ancien baptistère ?


 Saint-Jouin-de-Marnes (5). Eglise de pèlerinage avec déambulatoire. 

La façade très riche...

 ... avec une représentation de la luxure.
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L'intérieur.

 Le chevet tourné vers la vallée de la Dive.

Dans la rue qui passe devant l'église,
les siècles qui se sont succédé ont laissé des traces moins somptueuses...

Puis c'est la rencontre de la merveilleuse petite église solitaire de Noizé (6).  "Son" village a disparu au cours de guerres de religion.

La vieille église de Noizé et son cimetière.

L'intérieur de l'église...

Au pied du mur entre la nef et le chœur,
une insolite Fuite en Egypte 
avec trois pyramides au centre.

Passer devant le château de Oiron (7)

 Photo du Net.

Le château a été vendu à Madame de Montespan en 1700 pour son fils le duc d’Antin.

C'est maintenant le retour vers Montreuil-Bellay avec passage obligé au Pont de la Reine-Blanche (8) de Curçay-sur-Dive.
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 Le vieux pont roman enjambe la Dive de ses deux arches.

 Deux "touristes" bretonnes ravies de la découverte.

Dames couvertes.
Dommage qu'il eût plu,
autrement, cela eût encore plus plu...

A Montreuil-Bellay, nous attend au château de la Salle (9) la traditionnelle bernache des soirs de vendanges...
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2 oct. 2014

Les damnés de la terre


... les Tsiganes et les autres

Parlons d'actualité, ou plutôt, lisons Michel Onfray qui, dans son ouvrage Politique du rebelle, Traité de résistance et d’insoumission. (Le Livre de Poche, biblio essais, n° 4282, copyright Grasset & Fasquelle, 1997), évoque les difficiles conditions de vie de tous ces êtres que notre société marginalise et que nous préférerions ne pas voir mais qui, pourtant, sont bien là, même s'ils sont pour beaucoup de nous invisibles.

Michel Onfray

Restons dans la terminologie de Dante et parlons alors d’une bolge[1] qui contient ceux qu’on a privés, non plus d’activité, comme les précédents, mais de travail. On y voit les immigrés clandestins, les réfugiés politiques, les chômeurs, voire cette catégorie associée à la panoplie des signes nouveaux : les érémistes qu’on peut définir comme les assistés a minima, avant le basculement de leur destin du côté des damnés. Gens sans terre et sans ouvrage, sans nationalité et sans travail, ils sont bien souvent par-delà les lisières des lieux où se prennent les décisions, aux frontières nettes et tranchées, là ou croupissent les victimes de la force centrifuge des villes, brutales, cruelles et impitoyables : banlieues, cités, zones d’immeubles qui logent parfois en un seul bâtiment l’équivalent de la population d’un gros bourg de province sans rien de ce qui permet la convivialité des villages de campagne.
Là où ils sont vivent ceux sur lesquels toujours le pouvoir s’exerce, et qui, sans discontinuer et sans rémission, subissent les misères, les calamités sociales et les brimades consubstantielles aux délires du Léviathan[2]. Venus de Somalie où les clans en guerre s’entretuent, d’Algérie où sévissent les hystériques intégristes, de Bosnie où purifient toujours les Serbes, de Moldavie où l’antisémitisme fait rage, Tamouls chassés par la guerre civile, Afghans persécutés par les musulmans au pouvoir, Tsiganes encore et toujours les proies fétiches des fascistes en bande, Éthiopiens chassés par la famine, Maghrébins arrachés à leurs terres sèches et désertiques, tous ont quitté un enfer pour en trouver un autre, préféré toutefois à celui où l’on risque de mourir de faim, de guerre, de persécution ou de terrorisme.
Errants sans attaches, de passage et déracinés, attendant de la France l’hospitalité que sans cesse et à la face du monde elle dit offrir, et que toujours elle offre chichement, ils sont les réprouvés sur lesquels d’autres réprouvés, souvent, concentrent toute leur agressivité, trouvant bouc émissaire idéal dans plus malheureux que soi, plus pauvre et plus démuni. Pourtant, tous font les frais des us et coutumes du Léviathan en civilisation capitaliste, tous subissent et supportent les mêmes dénégations d’un social qui fustige  et persécute ceux qui revendiquent une misère en guise de paiement et de salaire pour cette richesse qui fait défaut – le travail. Or ledit défaut de travail est savamment entretenu par ceux qui ont intérêt à cette pénurie : les acteurs et les bénéficiaires du capitalisme emballé pour lesquels c’est le pain blanc de disposer d’un réservoir de main-d’œuvre d’autant plus prête à accepter n’importe quoi et sous n’importe quelle condition qu’elle croupit dans les zones les plus incandescentes et les plus dangereuses du paupérisme.
(Pages 82-83)

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Au cours de cette lecture, je pensais à un tableau de Goya, Duel au bâton. Les deux personnages - se savent-ils condamnés à bientôt disparaître ? - pourraient illustrer cette misère qui n'empêche pas ses victimes de parfois se combattre - chacune ne cherchant ne cherchant qu'à tuer, éliminer l'autre -  au lieu de conjuguer leurs énergies pour essayer d'émerger, de s'en sortir, de vivre...

Francisco Goya, Duel au bâton (1820-1823)


[1] Une bolge, dans la Divine Comédie de Dante Alighieri, est l'une des dix fosses concentriques encerclées de murs et surplombées de ponts rocheux semblables aux fortifications externes d'un château et qui constituent le malebolge, le huitième cercle de l'Enfer décrit aux chants XVIII à XXX. (Wikipédia)
[2] Le nom Léviathan (de l’hébreu : לויתן, liwjatan) vient de la mythologie phénicienne qui en fait le monstre du chaos primitif. C'est également un monstre marin évoqué dans la Bible, dans les Psaumes (74,14 et 104, 26), le livre d'Isaïe, 27, 1 et le livre de Job (3:8 et 40:25 et 41:1). C'est un monstre colossal, dragon, serpent et crocodile, dont la forme n'est pas précisée ; il peut être considéré comme l'évocation d'un cataclysme terrifiant capable de modifier la planète, d'en bousculer l'ordre et la géographie, sinon d'anéantir le monde. (Wikipédia)