30 avr. 2013

Dimanche matin à Montreuil-Bellay

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28 avr. 2013

Vérités du camp de Montreuil-Bellay



Pour répondre à certaines questions posées par des correspondants qu'interpellent quelques contradictions relevées dans différents discours entendus, ou dans certains articles lus.
Si une quelconque de mes réponses était inexacte, je serais heureux de la corriger, preuves à l'appui, l'idéal étant d'approcher le plus possible la Vérité en Histoire.

Non, contrairement à ce qui est généralement dit et écrit, le camp de Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire) n'était pas un camp d'internement.

 Intitulé de la première plaque qui a été profanée puis remplacée.
"Détention arbitraire" : tout est reconnu, 
mais on ne dit pas qui en fut responsable !

Oui, ce camp fut bien de concentration, dans le sens premier du mot, puisque des nomades/Tsiganes y furent concentrés.

 (Archives particulières de Gisèle Guilbaud)

Quant à eux, les camps d’internement "internèrent" des soldats ou des ressortissants ennemis après la fin d’un conflit.
Ce n’est qu’une question de vocabulaire, direz-vous ; c’est justement cela qu’il faut reconnaître, paroles d'un ancien instituteur.
Ainsi, Montreuil-Bellay fut bien aussi un camp d’internement, mais seulement à partir de janvier 1945 quand, à partir du 20 janvier, furent parqués derrière ses barbelés 794 civils allemands - dont 103 hommes, 620 femmes et 71 enfants - que l’armée de Leclerc avait interceptés en Alsace et en Moselle reconquises, avant que ne les rejoignent 243 autres civils venus du camp de Langueux (alors dans les Côtes-du-Nord), ainsi que des soldats vaincus après la reddition de la Poche de Saint-Nazaire le 11 mai 1945. Il y eut même, au cours de l'été, l'arrivée de femmes hollandaises qui avaient eu la mauvaise idée d'épouser des nazis !

Non, ce n’était pas un camp allemand. Il le fut, sous le nom de stalag, mais de juin 1940 à mars 1941, quand l’ennemi vainqueur y interna des soldats français qui fuyaient devant l'avancée ennemie, et des civils du Commonwealth pendant la Bataille d’Angleterre.
Puis ce fut un camp français à la suite du décret républicain du 6 avril 1940. Si les Allemands, en octobre 1940, sous Vichy, demandèrent que l’on internât des nomades/Tsiganes, la mesure visait ceux qui circulaient sur les routes et dans des zones interdites, comme la zone côtière. Mais était alors rappelé le décret d’avril 1940. Et, quand fut publié le décret allemand en octobre, de nombreux nomades/Tsiganes piétinaient déjà derrière des barbelés français.

Une famille arrêtée et internée dès le 14 mai 1940, avant Vichy.
(Extrait d'une archive privée)

De plus, quand les Allemands firent à leur tour leur retraite, fin août 1944, les Français, de nouveau libres, n’ouvrirent pas les portes du camp, les derniers nomades ne quittant des barbelés – en l’occurrence ceux du camp d’Angoulême – que début juin… 1946 !

Non, aucun nomade/Tsigane interné à Montreuil-Bellay ne fut déporté dans les camps nazis pour y être exterminé. Si certains nomades/Tsiganes internés partirent pour l’Allemagne, ce fut, comme de Poitiers en janvier 1943, dans le cadre de la Relève forcée, et en juin suivant, dans celui du STO (Service du Travail Obligatoire), afin de travailler outre-Rhin, la municipalité poitevine ayant d'abord préféré « piocher » dans le camp de la route de Limoges pour répondre aux demandes du Reich ; c'étaient autant de sédentaires épargnés.

Non, Montreuil-Bellay ne fut pas un camp de la mort pour les nomades/Tsiganes. Sur une population d’environ 2.000 internés, vingt-neuf y décédèrent pendant les trois années et deux mois de leur internement en terre angevine : essentiellement des vieillards, des nouveaux-nés de mères sous-alimentées, et une victime du bombardement allié du 6 juillet 1944, une enfant de 9 ans.

Oui, il y eut de nombreux décès dans le camp, parfois deux ou trois par jour comme c'est parfois précisé, mais ce furent des clochards raflés dans les rues de Nantes au printemps 1942, venus mourir dans le camp de Montreuil après avoir transité par ceux de Coudrecieux et de Mulsanne dans la Sarthe.
Mais les victimes furent aussi, pendant l’hiver 1945, de nombreux civils allemands, précédemment internés dans le camp vosgien du Struthof qui, après avoir vécu la guerre « du bon côté », ne supportèrent pas l’hiver dans des baraquements à moitié ruinés et non chauffés. Quelques naissances - à la suite du viol de jeunes femmes dans le camp du Struthof - ne réussirent pourtant pas à compenser les pertes...

Jeune Allemande morte à 27 ans le 14 février 1945
dans le camp de Montreuil.

Le drame, pour cette population pour qui la vie avait été depuis des siècles celle de la libre circulation sur les routes de France, fut d’être clouée sur place, par familles entières, par leurs compatriotes sans n’avoir jamais su pourquoi, et dans des conditions de vie et d’hygiène lamentables, mal nourris, habillés des seuls vêtements avec lesquels ils étaient arrivés.

 Enfants en loques attendant devant la chapelle du camp.
(Dessinés par une religieuse franciscaine missionnaire de Marie,
internée volontaire avec trois autres compagnes pour venir en aide aux plus petits.)

Internés seulement parce qu’ils étaient nomades/Tsiganes.
Le drame fut aussi de ne pas avoir été libérés en même temps que leurs compatriotes, été 1944. Les maquisards de ce dernier été de guerre qui "libérèrent" la ville trois jours après le départ des Allemands, essentiellement pour y tondre les femmes coupables - ou dites coupables - de collaboration horizontale, sont bien entrés dans le camp pour y chercher des armes - qui ne s'y trouvaient pas - mais ils ont "oublié" d'en ouvrir le portail pour libérer les internés...
Un drame qui n’a jamais été vraiment officiellement reconnu, et dont on a entendu parler seulement au début des années 1980… parce que le plus grand camp qui fût en France pour cette population mal aimée avait sévi dans la petite ville où vivait un instituteur qui avait eu lui-même, quelques décennies plus tard, des problèmes avec son pays en guerre…

27 avr. 2013

Cérémonie du 27 avril 2013 Le camp de la route de Loudun

Comme chaque année depuis 1990, l'Etat, via la Préfecture du Maine-et-Loire et la Mairie de Montreuil-Bellay, organise devant la stèle inaugurée le 16 janvier 1988, une cérémonie nationale et officielle en hommage aux Tsiganes - on disait alors "nomades", depuis le 16 juillet 1912 - victimes de la Seconde Guerre mondiale.
Discours de Tony, fils de Jean-Louis Bauer, dit Poulouche, qui fut enfant interné dans le camp avec sa famille, de la maire de Montreuil-Bellay et du sous-préfet de Saumur, représentant de l'Etat ; puis allumage d'une flamme qui rejoindra symboliquement le lendemain dimanche à Paris, devant le Mémorial du Martyr Juif Inconnu, cinq autres flammes allumées...
- à Compiègne, pour les Résistants déportés,
- à l'église Saint-Roch à Paris, pour les déportés,
- au Mont Valérien, pour les patriotes fusillés,
- à Drancy, pour les Juifs déportés,
- et à Fréjus, pour les Indochinois et tous les Français morts dans les camps japonais.

La Mairie offre ensuite un vin d'honneur dans une salle municipale de Méron.
L'AMCT, L'association des Amis de la Mémoire du Camp Tsigane de Montreuil-Bellay, organise enfin une rencontre de ses adhérents et sympathisants dans la Closerie.

Cliquer sur les photos pour les agrandir.

Sur le site de l'ancien camp : les autorités devant la stèle.

Aux premiers plans, le gnouf (la prison du camp) et les gants blancs.

Les officiels Saumurois pendant les discours.

Leurs familles ont été internés.

Dépôt des gerbes,
Milo Delage, Jean Richard et la famille Renard-Duville.



A la Closerie, Véronique et Willy, les faiseux d'fouées
et la famille de L'AMCT (Photo Karim Fikri).

Voir aussi le site de Dominique Monnier à la date du 27 avril 2013
et l'édition du dimanche 28 avril du Courrier de l'Ouest.


7 avr. 2013

Classement du site du camp



Des Tsiganes et de leur internement
pendant la Seconde Guerre mondiale
Classement du site du camp

- Classement "Monument historique" de plusieurs parcelles du site du camp de Montreuil-Bellay.
 après que l'ensemble du site a été inscrit à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques en 2010.

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Courrier expédié par la DRAC de Nantes le 23octobre 2012.
Ci-dessous, le courrier accompagnant la lettre annonçant le classement.


Il s'avère que seules trois parcelles - présentant quelques ruines d'escaliers et de socles de bâtiments - ont été classées, et non pas la partie conservant d'importants vestiges - la prison, le grand ensemble cuisines, réfectoire, réserves, justement ceux menacés par les vaches que le récent acheteur y parque.
Pourquoi ? A ce jour, nous [L'AMCT  L'Association des Amis de la Mémoire du Camp Tsigane de Montreuil-Bellay] n'avons pas d'explications...

La préfecture a annoncé officiellement - lors de la cérémonie d'avril 2012, répété dans le récent documentaire d'Alexandre Fronty - qu'un monument - une oeuvre d'art, a-t-il été précisé - serait érigé sur le site de l'ancien camp avant la fin de 2012.
Dans quelle partie du camp sera-t-il implanté ?... s'il l'est un jour...

1 avr. 2013

Des villes et des citoyens

En ce 1er avril 2013, et cela n'a rien d'une farce de pêcheur bredouille, je découvre une riche réflexion d'Yves Lainé, président de notre belle association des Transbordés qui, contre vent et maire, pardon... contre vent et marée, veut reconstruire un pont à transbordeur moderne à Nantes pour lui garder son caractère de port fluvial en relation avec l'océan.

                         Image virtuelle du projet des Transbordés.


Quel pouvoir détient le citoyen dans la vie de sa ville ? Ce qu'écrit Yves, en pensant à Nantes, sa ville...


Si l'on regarde l'histoire des villes, on constate qu'elles ont été successivement vouées à :

- La protection des remparts où étaient rassemblés : les vivres et objets (entrepôts, marchés et fonction portuaire), la nourriture spirituelle (cathédrales), la sécurité (le château), les jeux (les arènes). Le lien social est évident.

- La production (les usines) qui s'est insérée dans les interstices de l'habitat (main-d’œuvre) qui apporte les fumées et la pollution, mais aussi la culture (écoles) et le sport (théâtres, cinémas, stades)… mais le lien social éclate en classes.

 Que reste-t-il ?

- Exit les entrepôts, les défenseurs, la pollution industrielle… la fonction portuaire, et même celle des églises.

- Bonjour le tertiaire, les visiteurs (tourisme), l'institutionnel (fonctionnaires), le divertissement (éléphant), la culture (écoles, multiplication des associations)

- L'urbanisme peut être un ciment qui - à l'époque de la télé ou de l'ordinateur - peut maintenir un semblant de lien social. Les spécialistes ont une grande responsabilité, car cette cohésion dépend de moins en moins du monde politique (pourtant de "polis" : la ville) qui ne voit pas clair dans cette histoire de lien social

- De moins en moins, ils ont de l'avance sur le peuple, et pourtant ils construisent de plus en plus.

Où est le contrepoids citoyen, et quel pourrait-être son influence ?