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Découvrant cet article dans Le Point de cette semaine (n° 1937 du 29 octobre 2009, p. 133), je me pose la question de savoir comment se documente un journaliste avant de rédiger la critique d'un livre... ou d'un film. Quand je lis : L'ouvrage des historiens Emmanuel Filhol et Marie-Christine Hubert brise donc le silence sur les 6500 Tsiganes internés en France... et ailleurs, à propos de la même publication : Voici un ouvrage essentiel - le premier accessible au grand public -... comment ne pas réagir ?. Car enfin, ce drame franco-français est connu, même si ce fut tardivement suite au silence, à l'indifférence des historiens.
- En 1983, après plus de trois années de recherches, j'ai publié un premier ouvrage sur ces camps aux éditions Wallâda : Un camp pour les Tsiganes... et les autres. Montreuil-Bellay 1940-1945. La presse - régionale essentiellement - en a parlé, ainsi que des revues spécialisées.
Cet ouvrage fut réédité aux mêmes éditions Wallâda en 1994 sous le titre Ces barbelés oubliés par l'Histoire. Un camp pour les Tsiganes... et les autres. Montreuil-Bellay 1940-1945 ;
- Denis Peschanski, directeur de l'Institut d'histoire du présent, publiait en cette même année 1994 Les Tsiganes en France 1939-1946, officialisant en quelque sorte la reconnaissance de ces camps français.
- Des reportages à la Télévision (régionale) ont également traité le sujet ; le 15 janvier 1993, Daniel Mermet a consacré une heure à ce camp de Montreuil-Bellay dans son émission Là-bas si j'y suis ;
- En 1995, l'Association nationale Etudes Tsiganes a sorti un numéro spécial de sa revue : France : l'internement des Tsiganes. 1939-1946.
On peut donc parler de cécité pesante pour certains médias nationaux qui n'ont jamais répondu à mes courriers et qui semblent seulement découvrir aujourd'hui cette triste histoire...
Il est vrai que le sujet dérangeait trop dans les années 1980 : qui s'intéressait aux Tsiganes, ces nomades mal aimés à qui l'on avait imposé en 1912 un carnet anthropométrique normalement destiné aux criminels ?
Ces camps avaient été français, et non pas allemands, ces indésirables ayant été internés en rappelant chaque fois le décret signé le 6 avril 1940 par une France encore en République, et les derniers n'ayant été libérés du camp d'Angoulême qu'aux premiers jours de juin... 1946.
Dans ces camps avaient aussi été parqués d'autres bannis de la société, comme les clochards nantais, mais aussi des femmes allemandes ou hollandaises mariées à des nazis, comme otages, en 1945...
Est-ce alors une telle découverte pour que l'on parle maintenant, en octobre 2009, de silence enfin brisé ?
Que Liberté, le beau film de Tony Gatlif, soit donc un puissant révélateur de ce drame oublié par l'Histoire... Les quelques survivants de ces camps l'attendent désespérément depuis plus de 60 ans...
Début mars 2010, les éditions Wallâda vont sortir une troisième édition de mon ouvrage, enrichie de nombreux et rares documents iconographiques suite à la découverte des archives de la Congrégation des Soeurs Franciscaines Missionnaires de Marie, quatre à cinq d'entre elles ayant partagé volontairement la vie des enfants, logeant dans une baraque du camp. Son titre : Ces barbelés que découvre l'Histoire. Un camp pour les Tsiganes... et les autres. Montreuil-Bellay 1940-1946.
Sur ce même sujet, consulter le site des Amis de la Mémoire du camp Tsigane de Montreuil-Bellay : http://memoire.du.camp.free.fr
Bien peu de recherches effectivement, c'est dommage mais de plus en plus fréquent hélas... Peut-être serait-il utile de compléter les pages wikipédia existantes (ou même d'en créer une) ? Celle sur Montreuil-Bellay parle du camp, mais pas (encore) de son monument.
RépondreSupprimerIl semble bien que le camp de Montreuil-Bellay aie été ouvert pour les tsiganes avant la débacle de juin 40 et non sur l'exigence de l'occupant comme le signale l'article non ?
RépondreSupprimerPS: Où peut-on se procurer l'enregistrement de l'émission du 15 janvier 1993 ?
Daniel
methotdaniel@gmail.com
Je me souviens que dans les années 80 des émissions sur arte catégories théma ont parlé des Tziganes et de l'holocauste oublié.. J'ai plusieurs enregistrements de ces émissions.C'est la seule chaîne à ma connaissance qui a longuement parlé des Tziganes, de leurs problèmes et des années noires.. Quand a été tourné le film " tierra gitana " sur la famille Reyes et les Gipsy kings le sujet a aussi été abordé...J'ai entendu dans mon jeune temps le témoignage d'un Rôm sur sa déportation, mais jamais dans ma famille Gitane ( par alliance,mariée à un Gitan) je n'ai entendu la moindre histoire, hormis celle de Manitas de plata qui a été " prié" de jouer pour les allemands... Sédentaires les Gitans dits Catalans travaillaient dans des exploitations agricoles aux cueillettes, vendanges, etc.... aux camps sur le terroire Français grâce à cela, au fait de pas nomadiser ? Bien des questions à soulever ....
RépondreSupprimerDébla
http://lune-nomade.over-blog.com
je voulais dire: ont-ils échappé aux camps sur le territoire Français grâce à cela ? !
RépondreSupprimerDébla
Bonjour, Anonyme,
RépondreSupprimerOui, les Tsiganes internés dans les camps de concentration français ont échappé à la déportation. Si Taloche, le héros du film de Tony Gatlif, était resté dans le camp de Montreuil, il n'aurait pas été déporté.
Il faut pourtant rappeler que plus d'une centaines d'internés nomades du camp de Poitiers - uniquement des hommes de 16 à 60 ans - ont été envoyés en Allemagne, mais ce fut dans le cadre de la Relève forcée (de septembre 1942) et du du STO (février 1943) pour y travailler. Si certains ont disparu Outre-Rhin, la plupart sont revenus en mai 1945.
Merci pour ces précisions... Dès mon prochain séjour dans ma famille gitane je demanderai aux plus vieux quelle a été l'histoire de la famille pendant ces années là, qu'ont-ils eu à subir etc...? et pourquoi ils n'en parlent jamais ? .... Le camp de saliers en Camargue est si proche des lieux où ils vivaient puisqu'ils étaient en Arles, Tarascon, Montpellier, Sète......
RépondreSupprimerJe n'est pas de compte google, mais voici ma signature
Débla .