... nous a quittés en cet automne 2013.
Alexander, Alexandre... mais nous l'appelions simplement Alex, sans doute parce que son patronyme, Wilbrenninck, était pour nous difficile à dire, et surtout à écrire.
Né en 1933 dans la
lointaine Zélande, province maritime des Pays-Bas, il est venu s’installer en 1970
à Montreuil-Bellay, à la frange de l’Anjou, petite ville au riche passé historique qu’il a tant aimée et à
laquelle il a laissé pour longtemps ses empreintes. Pour ne rappeler que trois
d’entre elles : les Grands Augustins, les chênes du bois de la Dame et sa belle
demeure de la rue du Docteur Gaudrez.
Il faudrait aussi parler de sa riche vie professionnelle mais, quant à moi, je ne m'attacherai qu'au Montreuillais que j'ai connu, complices que nous étions dans notre passion pour notre si jolie cité de la vallée du Thouet.
- L'ancienne église des Augustins qu’il a sauvée de la démolition. Après que l'Association des Vieux Cailloux et Léopold Laborde ont réussi à la faire classer Monument historique en 1988, Alex s’est battu, a payé de ses deniers et de sa personne pour que le
vaste vaisseau, devenu depuis plusieurs décennies garage automobile gavé d’huiles de vidange, devienne au
cœur de la ville close un lieu de rencontres et de cultures. Elle gardera en
souvenir de lui la grandeur austère de sa foi protestante d’homme du Nord.
Cliquer sur les clichés pour les agrandir.
Les Grands Augustins, garage pour la réparation des automobiles.
Alex pendant les travaux de restauration de l'ancienne église.
L'entrée aujourd'hui.
Récital de piano dans la nef des Grands Augustins d'Alex Wilbrenninck
Les trois clochers de la ville close.
Sans Alex, il n'y en aurait que deux...
- La chênaie du Bois de la Dame
Il
savait que les quelque 6000 chênes qu’il a plantés sur ses terres, à la sortie
nord du Faubourg d’Outre-les-Ponts, lui survivraient. Au prochain printemps,
leur jeune frondaison nous dira qu’il est toujours avec nous.
La jeune chênaie d'Alex
par un matin brumeux de l'automne de sa disparition.
Alex a aussi acheté et remonté, à l'orée du Bois de la Dame,
une vieille halle qu'une ville du Sud-Ouest avait mise au rebut.
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- Le Clos Gaudrez.
Alex fut
l’un des premiers à vouloir réutiliser le blanc tuffeau de son bel Anjou - en place du
ciment qui mange la pierre - pour
restaurer le Clos Gaudrez où il allait vivre avec sa famille.
La belle demeure familiale au cœur de la ville close.
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Il a proposé d'offrir des lampadaires pour agrémenter sa rue bordée de nobles demeures et qui fut longtemps la "Grand Rue" de Montreuil-Bellay, chef-lieu d'Election sous l'Ancien Régime, la seconde de l'Anjou après celle d'Angers, et dont faisait alors partie Cholet. Connaissant le goût et la générosité d'Alex, nous pouvons imaginer ce que cela eût été... Mais on l'a gentiment envoyé balader, bien que "gentiment" me semble en la circonstance plutôt mal venu...
Il a pareillement offert de planter des tilleuls sur la place du Concorde qui jouxte sa propriété : même refus. Sans doute les tilleuls eussent fait trop d'ombre à...
Il a encore proposé à la municipalité d'installer dans un square ou un jardin de la ville la vieille halle qu'il avait achetée.
Et pour la troisième fois le coq chanta... après que Pierre eut répété : Je ne connais pas cet homme...
Je pense ici à cette phrase de saint Augustin, idéal patron de l'ancienne église qu'Alex a sauvée : Il te faudra beaucoup d'amour pour te faire pardonner le pain que tu donnes aux pauvres.
L'amour, il l'avait ; donc s'interroger sur les humeurs du "pauvre"...
A la fin des travaux de restauration de sa demeure du Clos Gaudrez, Alex fit encastrer au haut du mur de la façade cette ancienne plaque... d'un autre temps :
Rue du Docteur Gaudrez, 1854-1925, maire philanthrope. On pourrait peut-être maintenant en ajouter une autre à côté : Ici vécut Alex Wilbrenninck,
1933-2013, l’homme qui aima Montreuil-Bellay.
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Mercredi 4 décembre 2013, à 10 heures, dans la nef Alexander Wibrenninck de l'ancienne église des Grands Augustins de Montreuil-Bellay...
La dernière prouesse d'Alexandeur Wilbrennink : qu'un pasteur de l'Eglise protestante l'accueille pour la cérémonie d'adieu à sa famille et à ses amis
dans une ancienne église que le catholicisme avait, en 1637, fait bâtir à
Montreuil-Bellay par prosélytisme pour essayer de contrecarrer le nouvelle religion alors
triomphante en France.
Au revoir, Alex, et merci.
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http://jacques-sigot.blogspot.fr/2010/06/naitre-vivre-mourir.html
Le Courrier de l'Ouest, mardi 3 décembre 2013, page 9.
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- Mail reçu de Jean-Paul Mandegou, mercredi 4 décembre à 18 h 10 :
Bonsoir
Je voulais vous dire, simplement, que j'ai beaucoup aimé votre hommage à Alex
ce matin aux Grands Augustins. La référence au texte de Gilgamesh m'a paru
particulièrement bien choisie. [...]
A bientôt, sans doute.
Cordialement.
Jean-Paul
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- Mail communiqué par Jean Guilbaud, qu'il avait reçu d'un ami néerlandais.
Je regrette le décès de votre ami Alexander Wilbrenninck qui, d'après l'article du Courrier de l'Ouest est né dans la lointaine Zélande, province
maritime des Pays-Bas. Sa famille n'est certainement pas originaire de Zélande, étant
donné que les noms de famille finissant par "par ink" ou " inck" sont originaires
de la partie orientale de la province d'Overÿssel, s'appelant "Twente" où se
trouvait l'industrie cotonnière des Pays-Bas. Le "ck" du "inck" montre même que la
région de Twente touche la frontière allemande...
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- Mail reçu de Guy Ducornet, mardi 3 décembre à 16 h 59
Paris, 2 décembre 2013
Bravo et merci d'honorer
Alexandre...
Je me souviens des expositions
"d'artisanat d'art" qu'à l'époque de l'Association des "Vieux
Cailloux", on organisait dans la petite chapelle [qui jouxte l'ancienne église des Grands Augustins], du temps que j'étais
potier... vers 1978/82, par là...
A l'une des réunions, j'avais
rencontré Alexandre, et nous avions parlé (en anglais) de mes années à New York,
et il m'avait dit qu'il était l'ami du patron du plus célèbre magasin de vins
fins de NY - SHERRY LEHMANN WINE & SPIRITS, alors au 679 Madison Avenue ; aujourd'hui sur Park Avenue et 59e
rue. Il se trouva que
j'avais été le prof de français du fils de ce patron qui m'avait engagé pour
tenir son "catalogue". Son co-propriétaire d'alors était Sam Aaron (et c'est lui que
connaissait Alex et qui m'avait offert cette place de vendeur pendant la période des
Fêtes de l'hiver 1966 !!!...
Je revenais alors de mes deux ans
comme "Pied Rouge" en Algérie, fauché comme un erg, et bien content
d'offrir, en sus de mon enseignement à Bard College, mes services --
en costard-cravate ! -- à quelques clients friqués comme Jackie Kennedy ou Ted
Sorensen... : ("La Romanée-Conti... une caisse suffira Madame ?
" etc.)
En repassant par Beaune la
semaine dernière -- retour de Lyon où nous étions allés voir la sublissime
exposition de Joseph Cornell au Musée des Beaux-Arts -- j'ai constaté
qu'aujourd'hui, UNE bouteille de 75 cl de ce même vin (2011) vaut
aujourd'hui... 9000 Euros !!! -- sans déconner ! Ce n'est que dix fois plus
que le Château Lafitte-Rothschild qui vaut le SMIC !
Bref, nous avions donc
parlé vins et Amérique, et il m'avait alors dit qu'il pensait ouvrir une
boutique à Montreuil parce que "sa femme s'occuperait un peu et
agréablement..."
J'avais admiré (et encore tout récemment)
la restauration impeccable de sa demeure, mais je ne savais pas que la
métamorphose du garage pourri que j'avais tant détesté s'était faite grâce à
lui !
Merci donc !
Guy et Ghislaine