Tous ces camps que les nazis ont ouverts avant et pendant la Seconde Guerre mondiale, tous ces camps que le communisme a cachés dans sa vaste Sibérie. Les horreurs, la honte…
Tous ces camps que la France a
disséminés sur tout son territoire de 1940 à 1945... Même s'ils ne furent aussi tragiques, silence, on n’en parle pas. Et d'ailleurs, il n’y a pas eu de camps ; n’oubliez pas que le Struthof (Bas-Rhin), était un
camp nazi sur une terre annexée, et non pas occupée.
Ce fut à peu près, jusque dans les années 1980, et ça l’est
encore souvent aujourd’hui, le discours de nos manuels d’histoire agréés. Nous voulons bien que, pour la France, on cite le camp du Struthof… mais de quels autres camps pourrait-on aussi parler ?
Cliquer sur les documents iconographiques pour les lire plus aisément, et en particulier sur celui-ci.
Cliquer sur les documents iconographiques pour les lire plus aisément, et en particulier sur celui-ci.
Si nos livres d'histoire évitent encore de traiter ce sujet délicat,
le mémorial de Berlin en hommage
aux Tsiganes victimes de la Seconde Guerre mondiale
aux Tsiganes victimes de la Seconde Guerre mondiale
a gravé dans une pierre le nom du camp de Montreuil-Bellay.
Il a fallu, instituteur
de campagne habitant une petite commune de l’Anjou, Montreuil-Bellay, que j’apprenne qu’à quelques
hectomètres de chez moi avait sévi le plus grand camp de concentration français
pour Tsiganes – on disait alors « nomades » – pour que lentement, très lentement, la
France prenne conscience d’une forfaiture que l’on avait pris grand soin de
cacher, comme ces vieilles histoires de famille qui ne regardent personne.
Je pense aussi aux camps rencontrés au cours de mes recherches, et même avant, et en particulier ceux du Vernet et de Gurs, découverts dans La Lie de la T erre, ouvrage d'Arthur Koestler qui en fut victime, interné par la 3ème République finissante qui se méfiait des "étrangers", et surtout du camp des Mille, près d'Aix-en-Provence. Nous avons même utilisé des locaux du célèbre stade parisien de Roland Garros pour cette sale besogne...
Je pense aussi aux camps rencontrés au cours de mes recherches, et même avant, et en particulier ceux du Vernet et de Gurs, découverts dans La Lie de la T erre, ouvrage d'Arthur Koestler qui en fut victime, interné par la 3ème République finissante qui se méfiait des "étrangers", et surtout du camp des Mille, près d'Aix-en-Provence. Nous avons même utilisé des locaux du célèbre stade parisien de Roland Garros pour cette sale besogne...
Ainsi, avant l’arrivée des
Allemands, en mai-juin 1940, et après qu’ils ont quitté, défaits, la plus grande partie de l’hexagone – le
dernier camp libéré, à Angoulême, n’ayant relâché ses derniers pensionnaires
qu’au début de juin… 1946 !!! – nous avons parqué derrière les barbelés
d’une soixantaine de nos camps bien français cette population jamais aimée, jamais acceptée,
parce qu’elle ne vit pas comme nous, les sédentaires. Ce n’étaient pas, bien sûr, des
camps d’extermination, ni même de travail, ni de transit, ni de rééducation, ni
d’internement, ces derniers ayant été destinés à enfermer les soldats ennemis
vaincus, mais seulement des camps de concentration – comme le rappellent les
documents de l’époque conservés dans les Archives – dans le sens premier du terme, sens que l’on a benoîtement oublié.
Mais comme il est difficile, voire impossible en ces temps bénis de nos démocraties, de brûler les livres gênants, du moins supprimons les traces de ces camps, l’oubli reviendra bien de lui-même.
Commençons par le camp que j’ai le plus étudié, celui de
ma ville, Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire).
En 1980, lorsque j'ai commencé mes recherches, c'était, avec la prison souterraine, le seul bâtiment quasiment entier qui subsistait de l'ancien camp. Pour le supprimer sans prévenir, "ON" a profité de l'aménagement, à une centaine de mètres, d'un rond-point routier qu'il ne gênait donc pas.
Le plus simple est de cliquer sur ce lien pour retrouver une page de mon blog dans laquelle je dénonçais la destruction de ruines importantes, en plus de celles-ci, que j’avais photographiées et qui ont fortuitement disparu depuis.
J'avais retrouvé l'un des baraquements en planches du camp de la Morellerie, commune d'Avrillé-les-Ponceaux, en Indre-et-Loire, transféré après la guerre dans le jardin du presbytère de Gizeux, même département.
Lors d'une vente publique aux enchères, en octobre 1946, un bâtiment en dur du camp de Montreuil-Bellay a été acheté par la commune de Mauzé-Thouarsais (Deux-Sèvres) pour se donner une salle des fêtes à peu de frais...
En 1980, lorsque j'ai commencé mes recherches, c'était, avec la prison souterraine, le seul bâtiment quasiment entier qui subsistait de l'ancien camp. Pour le supprimer sans prévenir, "ON" a profité de l'aménagement, à une centaine de mètres, d'un rond-point routier qu'il ne gênait donc pas.
Le plus simple est de cliquer sur ce lien pour retrouver une page de mon blog dans laquelle je dénonçais la destruction de ruines importantes, en plus de celles-ci, que j’avais photographiées et qui ont fortuitement disparu depuis.
J'avais retrouvé l'un des baraquements en planches du camp de la Morellerie, commune d'Avrillé-les-Ponceaux, en Indre-et-Loire, transféré après la guerre dans le jardin du presbytère de Gizeux, même département.
Le baraquement qui a lui aussi disparu ces dernières années.
Lors d'une vente publique aux enchères, en octobre 1946, un bâtiment en dur du camp de Montreuil-Bellay a été acheté par la commune de Mauzé-Thouarsais (Deux-Sèvres) pour se donner une salle des fêtes à peu de frais...
L'ancienne salle des fêtes de Mauzé-Thouarsais a pareillement été démolie.
Plus significatif : peu avant l'inauguration d'une stèle sur le site du camp de Poitiers (Vienne), j'avais été invité pour la reconnaissance des lieux. Remarquant un vieux bâtiment derrière une station d'essence proche, j'avais demandé à Poulouche (Jean-Louis Bauer, qui avait été interné là enfant) ce que c'était. Les anciennes cuisines du camp, m'a-t-il répondu. L'ayant toujours sur moi, j'ai sorti mon appareil pour les photographier.
Quelqu'un a-t-il entendu notre dialogue ? Toujours est-il que la quinzaine suivante, le jour de l'inauguration officielle, il n'y avait plus de cuisines.
Une exception pourtant... Lors de la même vente publique aux enchères d'octobre 1946, un boulanger de la commune de Verrue (Vienne) a lui aussi acheté un bâtiment pour le remonter dans le jardin jouxtant son domicile, dans le hameau des Chauleries. On a longtemps dansé sur le parquet de cette salle baptisée "Moulin de la Galette", et une dame m'a même donné la photo de groupe de son mariage prise juste devant. Cette fois, le bâtiment existe toujours, transformé en débarras.
Hier, salle des fêtes pour un mariage.
Aujourd'hui, un atelier-débarras.
Sont encore visibles sur le pignon le nom et le moulin.
Sont encore visibles sur le pignon le nom et le moulin.
Mais qui savait que sur ce même parquet avaient souffert de froid, de faim... et de nostalgie de la route, des nomades "victimes d'une détention arbitraire", comme le rappelle laconiquement la plaque de la stèle du camp de Montreuil-Bellay ?
Qui connaissait vraiment la première destination de cette salle des Chauleries à Verrue, salle des fête autrefois si pimpante ? Alors, on pouvait laisser ces vestiges anonymes qui ne gênaient... qui ne gênent personne, sauf vous qui peut-être l'ignoriez et qui alors l'apprenez ?!
La plaque de la stèle commémorative du camp de Montreuil,
inaugurée le 16 janvier 1988.
Elle a été profanée à coups de masse,
puis remplacée avec le même texte :
Elle a été profanée à coups de masse,
puis remplacée avec le même texte :
les autorités avaient refusé l'appellation
"camp de concentration".
"camp de concentration".