4 mars 2011

Pour solde de compte

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Un quelconque individu...

- Ce soi-disant historien. Pour être historien il faut avoir fait des études et avoir des diplômes.
Etrange expression si l'on réfléchit à cette même structure "ce soi-disant mort", comme si un mort pouvait dire qu'il l'est. Ne voulait-il pas plutôt dire "Ce prétendu historien" ? Préciser qu'en vérité, je me dis toujours "instituteur", ce vocable disparu, remplacé par professeur quand instituer n'a jamais été professer...

- Cet individu qui instrumentalise les Tsiganes pour vendre quelques centimètres de papier.

- [...] un quelconque individu en mal de reconnaissance…
Si c’est bien moi que les maires successifs de Montreuil-Bellay désignent et publient par ces amabilités, en employant parfois les mêmes mots… il faut bien que je réponde, non pas, comme ils le font, par voie de presse qui leur est ouverte en tant qu’édiles, mais par ce blog personnel.

L’instituteur de campagne, que fut un temps à Epieds l’ancien maire, n’a sans doute pas oublié que la répétition est l’art de la pédagogie, d’où la reproduction à l’identique d’année en année des mêmes avertissements dans la presse et, lors des cérémonies officielles chaque dernier samedi d'avril devant l’assemblée réunie au pied de la stèle de la route de Loudun contre ces individus (cet individu) plus ou moins louches (louche) qui instrumentalisent (instrumentalise) les Tsiganes pour vendre quelques centimètres de papier, et que l’on ne voit jamais devant le monument aux morts de la commune pour honorer ceux qui ont sacrifié leur vie à la Nation. [Transcription de mémoire.]

Oui, comment ignorer que cette humeur s’adresse à moi ? Et si, jusqu’à ces lignes, je n’ai jamais répondu, c’est que je pense que chacun, en démocratie, a le doit de penser (ou de dire) ce que lui dicte sa conscience... ou ses intérêts.
C’est aussi que je pense que la polémique est souvent négative, et que mes concitoyens ont assez de problèmes à résoudre pour ne pas s’encombrer de ceux des autres. Mais puisque que le camelot insiste pour déballer sur la place publique, rejoignons l’agora, fût-elle privée.

- Il ignore, ou feint d’ignorer ce qu’est la vie d’un auteur de livres, et surtout de tels livres qui coûtent toujours plus que ce qu’ils peuvent rapporter. Rédiger sur tant d’années un ouvrage comme celui sur le camp de concentration de Montreuil-Bellay demande déjà d’incessants et coûteux déplacements pour retrouver des survivants, des témoins. Je ne citerai que deux exemples parmi tant et tant d'autres : à Fitero, en Espagne (Manuel Sesma, Républicain Espagnol, condamné à construire la Poudrerie de janvier à juin 1940) ; à Chicago (Margareth Hansen, internée civile allemande de janvier à novembre 1945)...

... qu'on ne voit jamais au monument aux morts

- Comment imaginer que je puisse me rende devant un monument aux morts pour des hommages officiels, avec drapeaux et Anciens Combattants, quand j’ai refusé de faire la guerre en Algérie ?
Il m'accuse donc de ne pas assister aux cérémonies en l'honneur des résistants montreuillais disparus en Allemagne. Pourtant, et cela vaut bien quelques minutes de planton le 1er septembre devant le monument aux morts, j’ai consacré quatre années à reconstituer ce qui s'était passé pour ces Résistants, et j'ai publié trois éditions d'un ouvrage au fur et à mesure que je trouvais des documents ; la première à compte d'auteur en 1993, pour le cinquantenaire de leur héroïque exploit : la récupération, à Montfort, d’armes parachutées par les Anglais, et qui, cachées, devaient ressortir après le débarquement que les alliés préparaient. J'ai rétabli la vérité en dévoilant le principal responsable de leur arrestation alors qu'à Montreuil on les a trop longtemps accusés d'être à l’origine de leur arrestation. Ce responsable a même accusé Jean Renard, chef de la section montreuillaise du réseau saumurois Buckmaster et, incroyable imagination de l’Histoire, sous-directeur du camp de nomades de Montreuil !!! Jean Renard, mort à Buchenwald, était le coupable idéal puisqu'il ne pourrait plus défendre son honneur sali. Il m'a fallu consulter les archives de la Gestapo que m’avait procurées un professeur allemand pour officialiser ce que j'avais découvert plusieurs années auparavant.


1ère édition (1993)
En couverture, Pierre Deschamps en 1945, le seul survivant du réseau montreuillais.



3ème édition (2002)

Restés internés plus de trois mois après leur "libération"

La cérémonie annuelle devant le monument aux morts en souvenir de la libération de Montreuil-Bellay, le 1er septembre 1944, fut longtemps célébrée en présence d’hommes qui avaient « sauvé » la ville et ses habitants les armes à la main, comme l'a écrit l'un d'eux dans le journal... trois jours après le départ à bicyclette des deux ou trois derniers Allemands qui venaient, en toute tranquillité, de faire sauter le pont sur le Thouet... Revenus ce 1er septembre d'un exil imposé pour éviter que la ville ne fût incendiée suite à la mort d'un jeune soldat allemand de garde sur le pont, tué par balle tirée de la route de Doué, pendant qu'un autre, seulement blessé, était transporté à l'hôpital de Thouars. Revenus surtout pour tondre les femmes prétendues coupables d’avoir collaboré avec l’ennemi… ce que le Maréchal avait pourtant expressément demandé (de collaborer...).
L’un des chefs de ce commando m'a de plus menti la première fois que je l'ai rencontré, au début des années 1980, quand j'ai commencé mes recherches sur le camp. Après que je lui ai demandé qu'il m'en parle, il m'a répondu :
- Vous avez bien fait de venir me voir. Quand j'ai libéré Montreuil-Bellay, le 1er septembre 1944, j'ai ouvert les portes du camp, et j'ai dit aux nomades de retourner chez eux.
- Mais Monsieur, ce n'est pas possible, ils étaient encore là en octobre, et n'ont quitté Montreuil que le 16 janvier 1945, non pas pour être libérés, mais pour être transférés dans d'autres camps, à Jargeau et à Angoulême.
- Si vous ne me croyez pas, ce n'est pas la peine de revenir me voir.

Ce que j'ai donc fait.

Comme parfois, ou souvent, il y a tant de distance entre ce qui s'est passé et les discours, j'ai préféré travailler sur ces événements plutôt que d'assister à ces cérémonies.

Une gendarmerie aux "Vacheries"

Puisqu’il faut bien quand même sourire un peu en cette vallée bien noire, rappelons qu’il fallait beaucoup d’humour pour laisser s’installer la nouvelle gendarmerie sur un terrain au nom incomparable : « Les Vacheries ».

Puisqu’il faudra bien un jour quitter la scène,
- lui, homme politique soucieux de l’avenir, laissera aux Montreuillais un lotissement dédié au Petit Anjou qui n’est jamais passé là, et à leur porte, si ses vœux se réalisent, un vaste entrepôt classé Seveso seuil haut, comme une belle pochette surprise de Noël.
Il aura débaptisé un lieu-dit, "Les Vacheries", appellation colorée qui rappelait qu'autrefois les Montreuillais conduisaient là leurs bêtes en pâture à la sortie de la ville, pour lui donner abusivement un nom qui ne lui convient pas, "Les Coteaux du Thouet", puisque l'endroit est plat quand un coteau est en pente. L'instituteur d'Epieds qu'il fut donc aurait-il oublié son vocabulaire ?

- et moi, citoyen "quelconque" des Faubourgs d'Outre-les-Ponts, inquiet du passé, quelques livres sur des histoires subjectives, et son joli nom de Closerie à la salle des fêtes de la route de Méron.

Cheminements contraires qui ne se seront jamais croisés.

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