Aux origines
Le menhir de Lenay
Au néolithique, le site était déjà fréquenté par l'homme, comme en témoigne la présence de trois mégalithes ; mais l'existence, à proximité d'un gué sur la rivière du Thouet et au pied de l'escarpement sur lequel se trouve la ville actuelle, d'une petite bourgade groupée autour d'une première église n’est certaine que depuis le Haut Moyen Age.
Vers 1025, Foulque Nerra fit fortifier le tertre en y dressant l'un de ses innombrables donjons, vraisemblablement en bois et en terre, la pierre, déjà employée pour la construction des églises, ne se généralisant qu'au siècle suivant pour les châteaux. Pourquoi fortifier cet endroit ? Si les réponses sont nombreuses, aucune n'est certaine. Pour protéger le gué et le village proches ? Pour ajouter une défense à la limite des possessions angevines du Comte face au Poitou ? Pour parfaire l'encerclement de Saumur qui appartenait à Gelduin le Danois, l'ennemi ? Il est communément écrit que le donjon et le fief furent donnés peu après par le comte à Berlay le Vieux. Pendant près de deux siècles, les Berlay se succédèrent, dynastie de seigneurs orgueilleux qui tyrannisèrent la région.
Montreuil-Bellay était né. Bellay viendrait de Berlay, après déformation orthographique. Pour Montreuil, les historiens traditionnels se réfèrent à la traduction du latin monasteriolum, mais peut-être suffit-il de vérifier la toponymie des autres Montreuil angevins (Montreuil-Juigné, Montreuil-sur-Maine et Montreuil-sur-Loir), voire des autres Montreuil français, pour trouver plus sûrement l'origine de ce nom dans ces autres mots latins mons rivuli, une éminence près d'une rivière.
1151 : Geoffroi Plantagenêt, après un siège long de plus d'une année, ou de trois, selon une autre source, détruisit le donjon et ses abords.
Montreuil-Bellay dans le royaume de France
1205 : Philippe Auguste rattacha l'Anjou à la couronne de France. Neuf ans plus tard, son fils, le futur Louis VIII, s'emparait de Montreuil.
1212 : A sa mort, Giraud III Berlay n'avait que des filles. Le domaine, selon la loi d'Anjou, échut à l'aînée et entra ainsi dans la famille des vicomtes de Melun qui fit construire l'enceinte de la ville close, et une nouvelle forteresse dont il reste d'importants vestiges.
Ligne des remparts à la Perruche
1415 : Guillaume IV, vicomte de Melun et comte de Tancarville disparurent lors du désastre d'Azincourt où l'armée française, une "cohue" de 40 000 nobles, se laissa embourber dans un terrain détrempé par la pluie et se fit massacrer par les archers britanniques. Le seigneur de Montreuil n'avait pas d'héritier mâle. Marguerite, sa fille aînée, fit passer le fief dans la maison des d'Harcourt qui acheva la ligne des remparts.
La porte Saint-Jean, construite par les d'Harcourt
Guillaume d'Harcourt fut seigneur de Montreuil-Bellay pendant 49 ans, de 1438 à 1487, et lui et son épouse, Yolande de Laval, firent construire, ou reconstruire, quelques-uns des plus beaux monuments de la ville : les châteaux et la collégiale, l'Hôtel-Dieu-Saint-Jean, la Grange à dîme...
Montreuil-Bellay chef-lieu de la seconde élection de l'Anjou
1488 : Les Orléans-Longueville héritaient de la baronnie. En 1568, la ville basse ainsi que des quartiers périphériques furent ravagés par les troupes protestantes du prince de Condé. En octobre 1653, le château servit de refuge-prison à la sœur du Grand Condé, la duchesse de Longueville, exilée par la Cour et son mari lassés de ses incartades pendant la Fronde.
1662 : Le château fut acheté pour une somme de 626 000 livres par le maréchal de la Meilleraye. Ce dernier, à sa mort, n'avait pas non plus d'enfant, et sa seconde femme fit entrer la propriété dans la famille des Cossé-Brissac.
Montreuil faisait partie de la généralité de Tours et du diocèse de Poitiers. En tant que siège d'une Maîtrise particulière des Eaux et Forêts et d'une Election, la seconde de l'Anjou après celle d'Angers, longue de 95 km, de 25 km dans sa plus grande largeur, le bourg commandait à 57 paroisses, dont celle de Cholet, et abritait dans ses murs un subdélégué, des fonctionnaires royaux et l'appareil des tribunaux ; ce qui explique le nombre important de belles et grandes demeures à l'intérieur de son ancienne enceinte.
Une belle demeure du XVIème siècle
Cette élection correspondait à deux régions géographiques complémentaires : les buttes calcaires du Montreuillais et du Thouarsais chargées de vignobles, et les terrains primaires des Mauges couverts de prairies et de bois. L'Election comptait 41 148 habitants, dont 1 584 pour Montreuil. Mais, à partir de 1750, Cholet et Maulévrier eurent leur propre subdélégué et notre cité perdit sa prédominance sur les Mauges dont la capitale s'industrialisait.
1754 : Par contrat daté du 22 juin, le duc de la Trémoille acquit la baronnie moyennant 700 000 livres, tant pour le prix principal que pour les droits seigneuriaux dus au domaine du Roi. Mais les nouveaux propriétaires ne vinrent jamais sur leur terre. Jean-Pierre Gain, originaire de Paris, procureur fiscal, avocat et notaire, administrait leurs biens en leur absence, biens qui furent déclarés "nationaux" à la Révolution et dès lors confisqués ; les maîtres se trouvant outre-Rhin furent supposés avoir émigré. Montreuil-Bellay devint Montreuil-le-Thouet afin de bannir toute allusion aux anciens seigneurs. Pendant la Guerre de Vendée, le 8 juin 1793, l'arrière-garde de l'Armée Catholique et Royale repoussa les troupes républicaines du général Salomon au pied de la ville, dans la plaine de Thouars. En décembre, 260 femmes de la province insurgée furent emprisonnées dans le château, puis 60 autres en janvier 1794. Le typhus emporta les plus faibles.
Le déclin
Montreuil-Bellay vécut très mal le départ de l'Administration pour Saumur élevé par la Révolution au rang de sous-préfecture du nouveau département du Maine-et-Loire. D'autant plus qu'une autre catastrophe s'était abattue sur la ville : la ruine des écluses qui permettaient la navigabilité du Thouet. Montreuil avait perdu bientôt toute une partie de son commerce.
Le Thouet fut un temps navigable de Montreuil à Saumur
Puis, comme pour le reste du pays, les gouvernements se succédèrent dans le plus grand conformisme des populations. Le château, rendu aux de la Trémoille, fut vendu en 1822 à un riche négociant de Saumur, Jean Nivelleau, qui, selon certains auteurs, aurait servi de modèle à Balzac pour son père Grandet. Enfin, par alliance, il entra dans la famille de Grandmaison.
Il est aujourd'hui, par mariage, dans la famille de Valbray.
Les châtelains successifs de Montreuil-Bellay
Au XXe siècle
Montreuil-Bellay paya un lourd tribut à la Seconde Guerre mondiale : pendant cinq années, un camp de concentration, route de Loudun, enferma successivement des Républicains espagnols à qui l'on demanda, dès janvier 1940, de participer à la construction d'une poudrerie, des civils et des soldats de toutes nationalités après la déroute de nos armées en juin 1940, des Tsiganes, appelés nomades depuis la loi du 16 juillet 1912, des clochards nantais, des Russes "blancs", des collaborateurs de la région ; enfin des civils allemands, surtout des femmes, et des épouses hollandaises de nazis.
Le camp photographié en 1944 par la presse de Vichy (Archives J. Sigot, J.-C. Leblé)
Automne 1943, furent arrêtés, emprisonnés puis déportés les membres d'un réseau de Résistance Buckmaster, dont Gaston Amy, l'ancien maire de la ville, qui disparurent quasiment tous dans les camps Outre-Rhin.
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