6 août 2008

Le Thouet à Montreuil-Bellay

Le Thouet, fluvius Toarus : première mention en 905. Source à 225 mètres d'altitude près de Secondigny, dans la Gâtine parthenaise. 152 kilomètres, dont 31 dans le Maine-et-Loire. Principaux affluents : le Palais, le Cebron, le Thouaret, l'Argenton et la Dive. Son réseau couvre 3396 km² et draine le nord du Poitou et le Sud-Saumurois. Son débit d'étiage est parfois inférieur à 2 mètres cubes quand celui de ses crues est estimé à 108 mètres cubes par seconde. Il se jette dans la Loire à Saint-Hilaire-Saint-Florent, à une altitude de 25 mètres.


Jusqu'à la fin du XIXe siècle, le Thouet fut navigable de Montreuil-Bellay, en aval de la chaussée du Château, jusqu'à sa confluence avec la Loire, à Saint-Hilaire-Saint-Florent.
Nous découvrons ici en canoë le premier bief navigable de la rivière autrefois canalisée, de cette chaussée du château jusqu'à la première écluse, dite de la salle.

Illusion de navigation un jour de festival à Montreuil-Bellay.

Le premier bief autrefois navigable du Thouet, à Montreuil-Bellay

A et 1 - Au XVe siècle, les seigneurs de Montreuil, les d'Harcourt, firent construire une série de ponts parallèles à un gué désaffecté afin de conserver l'ancien cheminement de la Chèvre qu'il prolongeait. Ces ponts reliaient entre elles les deux rives du Thouet et des îlots pour aboutir rive droite entre la Tour du Boëlle et l'Auberge des Isles qui était peut-être un ancien octroi. Ces ponts furent plusieurs fois endommagés par les crues de la rivière et se sont effondrés définitivement en 1577. La vieille chaussée a disparu en partie, remplacée en amont par un barrage moderne perpendiculaire à la rive gauche.

Les ruines des anciens ponts gothiques, effondrés en 1577.

2 - L'ancien moulin à eau, dit du Château, a disparu dans un incendie dans la nuit du 7 août 1896. L'actuel, désaffecté, a été construit aussitôt après dans le style Renaissance.

3 - 4 - 6 - Le port montreuillais sur le Thouet s'est déplacé deux fois. D'abord aménagé rive gauche (port Guibert), légèrement en amont du pont actuel, il fut transféré rive droite (port Hamelin) quand fut construit en 1710 un nouveau pont (situé dans le prolongement de l'actuel, mais contre la rive gauche). Le troisième port, le port Sainte-Catherine, fut créé rive gauche en 1862.
Le port Sainte-Catherine, aujourd'hui désaffecté.


4 - La première pierre du pont Napoléon, oeuvre de l'ingénieur Normand, fut posée le 9 octobre 1908. Détruit par les Allemands le 29 août 1944, il fut reconstruit plus large, comme le montre la couleur plus claire des pierres des arches.

5 - Le pont de 1710 fut emporté par une crue en 1798.

Plan des ruines du pont construit en 1710. (A.D.M.L.)

7 - Base de canoë-Kayak, ouverte l'après-midi tous les week-ends et jours fériés en mai, juin et septembre ; tous les jours en juillet et août.

8 - Une chaussée, de date indéterminée, "faite avec des pieux, des fagots de bois et des troncs d'arbres, le tout enrobé de terre glaise" barre la rivière sur toute sa largeur. Elle a permis la création d'une réserve d'eau nécessaire au fonctionnement du moulin de Varenne, dit aujourd'hui "de la Salle" vu sa situation proche du château du même nom, légèrement en aval. Vers 1603, fut aménagé un bassin de forme ovale, première écluse sur le Thouet, pour la descente des bateaux de Montreuil à Saumur. Cette écluse, comme celles de Rimodan et de Bron, est dite "archaïque", autrefois fermée par deux portes marinières, ce qui était un grand progrès par rapport aux chaussées munies d'une seule porte - comme à la Motte - qui vidait le bief amont à chaque passage de bateaux. Il n'existerait plus en France que 4 de ces vieilles écluses, dont trois sur le Thouet, donc.



Le Thouet à l'ancien moulin de la Salle, l'écluse archaïque.


Balade sur le Thouet au pied du château de Montreuil-Bellay.
A l'extrême droite, la Maison Dovalle, où naquit le poète Charles Dovalle (1807- 1829).

5 août 2008

Un nouveau transbordeur pour Nantes

Pour visionner le projet des Transbordés, un nouveau pont à transbordeur pour Nantes :
http://www.youtube.com/watch?v=rYgm4MjfNWk&feature=related
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Un transbordeur en ville : Punte Vizcaya à Portugalete (Espagne)

Il était impératif pour moi d'aller voir sur place le premier pont à transbordeur construit dans le monde.. et qui fonctionnait comme au premier jour. Je suis passé trois fois à Bilbao lorsque je me suis rendu à Saint-Jacques de Compostelle, et une ou deux fois quand j'habitais au Maroc, mais je n'étais pas alors au courant qu'il y existât une telle merveille.

Si, dans nos maisons, trônent sur un meuble ou un mur quelques photos de parents tant aimés, il en est souvent une autre, à Nantes, que l'on remarque vite tant elle est en évidence : celle de l'ancien transbordeur dont la disparition reste comme une plaie vive qui ne veut pas se fermer.

Les ponts dits "à transbordeur" sont nés à la fin du XIXe siècle et au début du XXe, quand il fallait trouver une solution à la traversée de passes maritimes ou fluviales par les piétons, les charrettes et les premières automobiles sans gêner la navigation des bateaux, dont encore des voiliers. Sont alors apparus ces colossaux ouvrages métalliques imaginés par un génial inventeur français, Ferdinand Arnodin (1845-1924).


















Puente Vizcaya de Portugalete


Le premier fut construit en Espagne sur le Nervion, en 1893, entre Portugalete et Las Arenas, à quelque 10 km en aval de Bilbao.

Celui de Nantes, inauguré le 28 octobre 1903, était le cinquième. Il avait encore été précédé par ceux de Bizerte (Tunisie, en 1898), Rouen (1899) et Rochefort (1900). Marseille fut construit après (1905), ainsi que celui de Brest (en 1908, en réalité celui de Bizerte transféré en Bretagne). Celui de Bordeaux, commencé en 1910, ne fut jamais achevé.

A Nantes, il fallait relier le quai de la Fosse à la Prairie-au-Duc où se trouvaient les principaux chantiers navals. Un projet avait même envisagé une escale à la pointe de l'île Gloriette, mais la ville avait préféré une construction légèrement en aval, face à la rue de la Verrerie. Pour éviter la destruction d'immeubles, quai de la Fosse, afin de construire l'imposant massif d'ancrage des câbles qui devaient retenir le pylône de la rive droite, Arnodin inventa exprès un nouveau système de transbordeur dit à contrepoids et à articulations.
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Chaque jour, de 5 h 30 à 20 h 30, la nacelle suspendue au tablier qui dominait les plus hautes eaux de la Loire de quelque 50 mètres, transportait d'une rive à l'autre jusqu'à 6.000 piétons à l'heure.

Mais le développement de l'automobile qui acceptait plus volontiers un détour sans attente pour emprunter les ponts traditionnels en amont, les dégâts provoqués par la Seconde Guerre mondiale, ainsi que les coûts d'entretien d'un ouvrage devenu obsolète, condamnèrent le Transbordeur que ne put sauver la croisade désespérée des Nantais amoureux de leur beau pont. Fermé le 31 décembre 1954, il disparaissait en 1958, le dernier wagon chargé de 800 tonnes de ferraille quittant le quai de la Loire pour Le Creusot le 7 octobre.

Pourquoi ne pas reconstruire le Transbordeur ?

Un groupe de passionnés, à l'initiative de l'architecte nantais Paul Poirier, se propose de faire construire un nouveau pont à transbordeur au-dessus du bras de la Madeleine de la Loire. C'est un projet transversal, consensuel, et surtout pas politique, précise l'architecte. Il serait torpillé d'avance. Il concerne tous les Nantais. C'est un projet d'envergure pour contribuer à réconcilier Nantes avec son fleuve.
Projet de l'Association des Transbordés















En 2008, pour porter ce concept du XXIe siècle, Paul Poirier a créé avec Arnaud Biette, économiste et spécialiste du patrimoine industriel, l'Association des Transbordés.
Site de l'association : http://lestransbordes.fr

Passionné depuis de nombreuses années par ces remarquables ouvrages qu'étaient et que sont encore en quelques lieux les ponts à transbordeur, j'ai publié plusieurs études sur certains d'entre eux.

- Nantes. Le Transbordeur, éditions CMD, 1996 (épuisé).
- Charente-Maritime. Le Transbordeur de Rochefort, éditions CMD, 1998 (épuisé).
- La France des transbordeurs, Bordeaux, Brest, Marseille, Nantes, Rochefort, Rouen, éditions Alan Sutton, 2005.

Articles dans des revues :
- Le Transbordeur de Rochefort, in Le Picton, n° 179, septembre-octobre 2006.
- Les Ponts à transbordeur, in Chasse-Marée, n° 201, décembre 2007.

4 août 2008

Montreuil-Bellay, un camp de concentration pendant la Seconde Guerre mondiale

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Le camp était organisé sur le modèle si typique de l'administration française, mélange d'ignonimie, de corruption et de laisser-faire.
Arthur Koestler, rédigé entre janvier et mars 1941 à propos du camp du Vernet (Ariège), in La lie de la terre, page 168, éditions Charlot (Paris 7ème), 1947.

Voir un blog consacré entièrement aux Tsiganes et à leur internement pendant la Seconde Guerre mondiale à cette autre adresse :
http://camp-montreuil-bellay.eklablog.com/accueil-p103480

Saisir aussi ce lien pour visionner une vidéo :
http://www.pulceo.com/divertir/soiree-debat-a-atlantic-cine-avec-jacques-sigot


La 3ème édition de cet ouvrage n'étant plus disponible, les éditions Wallâda vont sortir en avril ou mai 2011 une 4ème édition dans laquelle sont ajoutées, entre autres documents, des témoignages de familles que l'auteur vient de découvrir, et surtout les archives des religieuses franciscaines missionnaires de Marie qui, de janvier 1942 à janvier 1945, ont volontairement vécu en mission à l'intérieur du camp de Montreuil-Bellay pour venir en aide aux internés, et principalement aux enfants. Ces archives comprennent essentiellement des photographies, des dessins et leur journal.
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La seconde édition peut toujours être commandée sur le site des éditions Wallâda : http://www.wallada.fr/
Wallâda s'est spécialisée depuis de nombreuses années dans l'édition d'ouvrages de Tsiganes et sur les Tsiganes. http://www.wallada.fr/nouveautes-2009-2010.html

Une découverte fortuite...
9 ans après mon arrivée à Montreuil-Bellay

En 1980, je découvrais que pendant la Seconde Guerre mondiale avait sévi un camp sur le territoire de ma commune d'adoption. Suite à de premières recherches dans les archives et auprès de survivants encore nombreux à cette époque, je publiai en 1983 aux éditions Wallâda un premier ouvrage sur ce sujet qui n'avait jusqu'alors intéressé aucun historien : l'internement par la France de ses nomades dans de nombreux camps de concentration. Son titre, Un camp pour les Tsiganes... et les autres. Montreuil-Bellay 1940-1945.


Jacques Sigot et Françoise Mingot, son éditrice, sur le site du camp en 1982. Sur la droite, l'entrée de la prison souterraine du camp (le "gnouf").

C'était la première fois qu'était étudiée l'histoire d'un camp de concentration français pour Tsiganes, selon la terminologie de l'époque. Suivirent l'étude d'autres camps et la publication de ces travaux dans un numéro spécial des Etudes Tsiganes (n° 2/1995) : 1939-1946 France : L'internement des Tsiganes.
Avaient été successivement victimes de ce camp de Montreuil-Bellay tout au long du conflit : des Républicains espagnols, des soldats français, des civils du Commonwealth, des Tsiganes (appelés alors "nomades"), des clochards nantais, des collaborateurs locaux, des Russes "blancs", des civils allemands (essentiellement des femmes) et des Hollandaises ayant épousé des nazis.
Cette première édition provoqua un important et riche échange de correspondance qui encouragea la publication chez Wallâda et Cheminements d'un second ouvrage en 1994 : Ces barbelés oubliés par l'Histoire. Un camp pour les Tsiganes... et les autres. Montreuil-Bellay 1940-1945.

Je tiens à remercier la Congrégation des Franciscaines Missionnaires de Marie, de Paris, et particulièrement sœur Odile, qui ont mis à ma disposition en 2007 l'ensemble des documents rédigés par des sœurs de leur Congrégation. Elles avaient, pendant quatre années, partagé volontairement la vie des internés, et logeaient dans un baraquement à l'intérieur de l'enceinte de barbelés électrifiés.

Ces panneaux, rédigés pour l'association L'AMCT (Les Amis de la Mémoire du camp Tsigane de Montreuil-Bellay), créée dans le but de sauver les ruines de l'ancien camp, ruines menacées de disparition, résument trente années de luttes pour rappeler une histoire souvent déformée, voire occultée.

Auparavant, Le site de l'ancien camp de concentration de Montreuil-Bellay.
Image du Net.


Cliquer sur chaque panneau pour l'agrandir.


2 août 2008

Zurich, les 11 novembre et 6 décembre 2008, J-O

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Rencontre avec l'Histoire... dans une si jolie ville.

                                     Jenny                                                 Olivier