L'internement des Tsiganes
en France,
une histoire toujours aussi
mal connue
Page découverte sur le Net
ce vendredi 18 décembre 2015
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Publiée le 15 décembre 2015 à 16:05:10
http://www.respectmag.com/16701-la-france-rend-hommage-pour-la-premiere-fois-aux-tsiganes-internes-durant-la-seconde-guerre-mondiale
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La France rend hommage pour la première fois aux Tsiganes internés durant la Seconde Guerre mondiale
Crédit photo :
Yann / Wikimedia commons
Le gouvernement a pour la
première fois rendu officiellement hommage mardi au nom de la France aux
milliers de Tsiganes internés dans l’hexagone durant la Seconde Guerre
mondiale, à l’occasion du 70e anniversaire de la fermeture du camp de Jargeau
(Loiret).
« Le chef de l’État souhaitait que toutes les mémoires soient honorées (…). Des Tsiganes ont été internés ici, par les Français, et ont connu la souffrance. Il était temps de leur rendre hommage », a déclaré le secrétaire d’État Jean-Marc Todeschini, chargé des Anciens combattants et de la Mémoire.
La commémoration, qui s’est
déroulée en présence de collégiens et d’anciens internés tsiganes, a eu lieu à
l’emplacement de l’ancien camp, aujourd’hui occupé par un collège, et longtemps
oublié dans la mémoire collective. Seule une plaque, dévoilée en décembre 1991,
rappelle qu’entre 1941 et 1945, 1.700 personnes y furent internées, dont 1.200
Tsiganes.
« On a beaucoup souffert là-dedans, on a eu faim et on a aussi beaucoup pleuré », se souvient Denise Henri, internée avec sa famille de l’âge de sept ans à 12 ans. « Mais on n’en parlait pas beaucoup… Cet hommage, c’est bien », ajoute-t-elle avant d’aller déposer un œillet sur la plaque commémorative.
« On a beaucoup souffert là-dedans, on a eu faim et on a aussi beaucoup pleuré », se souvient Denise Henri, internée avec sa famille de l’âge de sept ans à 12 ans. « Mais on n’en parlait pas beaucoup… Cet hommage, c’est bien », ajoute-t-elle avant d’aller déposer un œillet sur la plaque commémorative.
« Qu’avaient donc fait nos
grands-parents pour mériter ça », s’est de son côté exclamé Alain Daumas,
président de l’Union française des associations tsiganes.
« Je veux lire à travers
cette plaque l’histoire et les itinéraires individuels de tous les Tsiganes
internés dans les camps français, à Arc-et-Senans (Doubs), à Fort-Barraux
(Isère), à Saliers (Bouches-du-Rhône), à Mérignac (Gironde), à Rivesaltes
(Pyrénées-Orientales), à Gurs (Pyrénées-Atlantiques), à Poitiers, à
Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire) et partout ailleurs », a encore déclaré
le secrétaire d’État, qui avait auparavant visité à Orléans le musée du Centre
d’études et de recherche sur les camps d’internement du Loiret (Cercil).
« Désormais vit au Struthof
(Natzwiller, Bas-Rhin) la mémoire des Tsiganes morts dans les camps nazis comme
vit ici, à Jargeau, la mémoire des nomades français internés sur le sol de France »,
a ajouté M. Todeschini.
Un cinquième des Tsiganes
internés en France pendant la Seconde Guerre mondiale sont passés par le camp
de Jargeau, où ils ont vécu dans des conditions très dures jusqu’à sa
fermeture, bien après la fin du conflit, le 31 décembre 1945. © 2015 AFP
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Commentaire
... pour la première fois...
Comment peut-on encore écrire
cela en 2015 quand, "déjà" - il faudrait plutôt écrire "enfin" - en janvier 1988, la République inaugurait
officiellement la première stèle érigée sur le site de l'un de ces nombreux
camps dans lesquels la France avait interné ses Tsiganes !
On disait alors "camps de concentration" pour ceux qu'elle avait ouverts sur son territoire pendant la Seconde Guerre mondiale, et l'on disait "nomades", plutôt que Tsiganes, depuis la
sinistre loi du 16 juillet 1912 ; camps créés avant l'occupation du pays par les
Allemands... et qui ont continué de sévir après leur départ puisque les
dernières innocentes victimes, par familles entières, ne quittèrent celui d'Angoulême (Charente)... qu'en juin
1946, soit près de deux années après la libération de la région !
En janvier 1988, fut donc érigée une première stèle sur le site du plus grand camp qui eût
existé en France, celui de Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire) ?... et, chaque
année depuis 1990, a lieu sur le site - maintenant classé Monument historique - le dernier samedi d'avril une cérémonie officielle et nationale en hommage à ces victimes oubliées du dernier conflit mondial.
En 1988, Simone Veil envoya un télégramme pour manifester sa compassion.
En 1988, Simone Veil envoya un télégramme pour manifester sa compassion.
Le camp de Jargeau, quant à lui, ne retrouva sa mémoire qu'en 1995, à la suite de la publication d'un numéro spécial de la revue Etudes Tsiganes consacré à tous les camps pour "nomades" ouverts en France de 1939 à 1946.
De 1952 à 1956, j'ai fréquenté le collège de Châteauneuf-sur-Loire et, chaque fin de semaine, je passais à Jargeau à bicyclette pour gagner Orléans où j'habitais alors. Jamais, pendant toutes ces années - et pas davantage à l'école normale d'Orléans où je fus élève de 1956 à 1959 - je n'ai entendu parler de ce camp de Jargeau par mes professeurs d'histoire ou par mes camarades originaires de cette petite ville sur la Loire !!! C'est seulement parce que ses derniers internés ont été transférés en janvier 1945 près de chez moi, dans le camp de Montreuil-Bellay, que j'ai découvert son existence...
Alors, écrire que c'était la première fois, en novembre 2015, que l'on rendait officiellement hommage à nos Tsiganes internés dans l'Hexagone... ne manque pas d'interpeller, et impose de se poser des questions sur les Français et leur Histoire...
Pistes de travail :
http://jacques-sigot.blogspot.fr/2015/02/ces-tsiganesnomades-que-la-france.html
http://jacques-sigot.blogspot.fr/2008/08/montreuil-bellay-un-camp-de.htm